IL SE PASSE QUELQUE CHOSE

Après plus de vingt-cinq ans d’expérience dans la réalisation et le montage, principalement de documentaires, Anne Alix a enfin décidé de franchir le pas du long métrage pour le grand écran. Et ce choix parait judicieux puisque son film a connu les honneurs du Festival de Cannes à travers la sélection de l’ACID 2018. La caméra, elle, suit d’abord Irma, une Bulgare exilée en France qui ne trouve plus sa place dans notre monde. Fraîchement veuve, elle s’apprête à sauter dans le Rhône pour mettre fin à ses souffrances. C’est à ce moment précis qu’elle va rencontrer Dolorès, une Espagnole désinvolte qui arpente la Provence à la recherche de lieux gay-friendly pour un guide qu’elle rédige. Comme une évidence, un duo se forme, et le film de se transformer aussi bien en ode à la liberté qu’en un récit initiatique bienveillant.

Cherchant à capturer une vérité autre que celle des cartes postales, la cinéaste se focalise sur les rencontres plus que sur les décors. En résulte un road-trip doux et lumineux où le vivre ensemble hexagonal est sacralisé. Car plus que les pérégrinations des deux protagonistes, Anne Alix s’attache à attester à quel point la France est une terre d’accueil, un brassage culturel et ethnique qu’il serait dommage de remettre en question. Si le propos est évidemment louable, les grosses ficelles scénaristiques ont tendance à annihiler l’impact émotionnel, transformant les belles intentions en un discours trop démonstratif. Manquant de corps mais pas de cœur, cette succession de saynètes séduit malgré des relents obséquieux maladroits. Dommage…