IL OU ELLE
Un ton feutré pour un sujet important
C’est sur un ton feutré, maintenant une certaine distance, que la délicate caméra d’Anahita Ghazvinizadeh observe J et ses réactions face au monde qui l’entoure, ses conversations avec sa sœur, ses questionnements. Exprimant son désarroi par un regard, ses inquiétudes par une retenue, le jeune Rhys Fehrenbacher parvient à transmettre autant le doute que la distance à un monde qu’il entoure, dont on sent qu’il ne sait pas encore comment en faire partie.
Quelque peu déroutant dans son parallèle développé avec la situation de l’immigré iranien, le film apparaît comme une pause dans un parcours que l’on pressent douloureux. Situé entre deux entretiens décisifs avec un membre du corps médical, ce moment d’apaisement, emprunt d’une sensation de protection, bénéficie d’un joli traitement du son et de l’image. Un film essentiel sur la transition de genre, dans lequel la metteur en scène joue avec les reflets et les transparences comme pour mieux signifier l’actuelle inexistence de son personnage. Présenté à Cannes en séance spéciale, "Il ou elle" a aussi fait partir de la compétition du Festival de Deauville 2017, dont il est malheureusement reparti bredouille.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur