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IL ÉTAIT UNE FOIS EN ANATOLIE

Un film de Nuri Bilge Ceylan

Une société sans femme

Un convoi de voitures de police parcoure la campagne turque de nuit, à la recherche d’un lieu, près d’une fontaine…

Le nouveau film du turc Nuri Bilge Ceylan (« Les trois singes », « Les climats ») revêt une nouvelle fois une facture esthétique sans faute. Orages, statues inquiétantes, sculptures de visages, phares dans la nuit qui dessinent un paysage ondulé, tout concoure à décrire un pays sans horizon, ni perspectives, comme assombri par un mystérieux drame. Ainsi, pendant près d'une heure et demi, on suit ces policiers à la recherche de ce qui pourrait être un cadavre. L'ennui est que le film dure 2h30. Mais c'est bien là le but du réalisateur : arrêter le temps et montrer l'errance des hommes.

Car au final « Il était une fois en Anatolie » dépeint une société sans femme. Le seul véritable personnage féminin est ici la femme du cadavre autopsié dans la seconde partie du film. Un deuxième semble exister, celui de l'épouse de l'enquêteur lui-même. Mais le constat est le même, celle-ci semble avoir puni l'homme pour son comportement, elle aurait fini par se venger de lui.

Parabole inventive et profondément sombre sur une société qui écrase et méprise le genre féminin, « Il était une fois en Anatolie » est aussi un film politique, critiquant un système de justice d'une lourdeur étouffante, le réalisateur plaçant de-ci delà quelques complaintes administratives ou comptables (le kit d'ustensiles pour autopsie, obsolète...). Mais ce film reste cependant une expérience très difficilement accessible, pourtant récompensée par le Grand Prix du jury à Cannes, ex-aequo avec « Le gamin au vélo » des frères Dardenne.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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