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IDIOCRACY

Un film de Mike Judge

L’avenir ?

Joe Bauers, soldat de l’armée américaine, a tout du citoyen lambda : ni charisme, ni ambition, ni compétence particulière, ni sens développé de l’éthique. Au côté de Rita, une prostituée, il devient en 2005 le cobaye d’une expérience d’hibernation ultra-secrète. Alors que l’étude est abandonnée et oubliée de tous, les deux sujets sont laissés de côté et ne sont réveillés par accident qu’au XXVIe siècle. Ils découvrent alors une société délabrée et dégénérée, dans laquelle le QI moyen s’est tellement dégradé qu’ils font figure d’intellectuels…

Quand le créateur de la série animée "Beavis et Butt-Head" prend les commandes d’une comédie de science-fiction, on s’attend forcément à un humour débridé et sans limite, à base de provocations, de répliques vulgaires et de violences en tout genre. Et c’est bien ce à quoi on assiste, avec des personnages tous aussi benêts les uns que les autres, qui enchaînent les comportements déviants, les actes stupides et les répliques les plus sottes. L’ensemble paraît potache et loufoque, on rit parfois de bon cœur, mais derrière la façade humoristique, se cache une vraie satire de la société contemporaine.

Le postulat pseudo-scientifique du prologue (les gens à faible QI seraient plus fertiles) semble aberrant, mais on peut le mettre en parallèle avec de véritables tendances démographiques : d’un côté l’âge moyen de plus en plus élevé pour un premier enfant, surtout parmi les populations les plus éduquées, et de l’autre un nombre d’enfants plus important chez les plus pauvres et les moins cultivés. Au final, on peut tout à fait imaginer que la moyenne d'éducation d'une population donnée puisse décliner progressivement.

Mais là n’est pas le plus pertinent dans ce film. On trouve en effet tous les ingrédients de ce début de XXIe siècle : un mélange d’anti-intellectualisme et de superstitions sur fond de naïveté et d’ignorances crasses ; la glorification de la société de consommation et du divertissement de masse ; la pollution et autres dégâts environnementaux ; l’essor d’idées rétrogrades et populistes ; l’individualisme débridé ; la fragilisation des démocraties… Finalement, "Idiocracy" fait preuve d’une certaine lucidité qui fait presque froid dans le dos si on se dit que, derrières les gags et les exagérations, se cache un avenir partiellement plausible.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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