Festival Que du feu 2024 encart

ICE ROAD

Un film de Jonathan Hensleigh

Ice Old

Trente mineurs se retrouvent piégés dans une mine de diamants du Grand Nord canadien à la suite d’un effondrement. Mike McCann, conducteur de camions expérimenté, est choisi pour cette mission de sauvetage : en effet, le seul moyen d’attendre la mine consiste à emprunter la « route de glace », un océan gelé et instable qui couvre la superficie quasi-totale du lac Winnipeg. Mais aux avaries et aux problèmes mécaniques vont vite s’ajouter une série d’attaques mystérieuses, comme si quelqu’un avait pour ambition d’empêcher ce sauvetage…

Ice Road film movie

La tentation était trop grande, on ne pouvait pas y résister : entendre un confrère parler d’"Ice Road" en tant qu’« actionner qui sent très fort l’Ehpad » aurait de quoi friser l’argument-massue capable de nous épargner toute analyse critique. Parce qu’il résume à merveille le problème central de ce qui aurait dû s’apparenter à un véhicule bourrin pour un Liam Neeson visiblement en quête d’une nouvelle ligne absurde sur un CV toujours plus schizo. On pensait même que le retrouver dans un cadre hivernal pouvait le faire renouer avec sa prestation habitée du "Territoire des Loups", dans lequel ce mélange de violence bourrine et de mélancolie prégnante avait su nous faire garder à l’esprit qu’il pouvait être un grand acteur.

Reste qu’en remplaçant les loups par des camions, le terme « poids lourd » est à prendre au pied de la lettre. Les amateurs de spectacle nerveux et d’action intense peuvent d’ores et déjà emporter leur oreiller en plus de leur pass sanitaire, car ils trouveront autant d’énergie là-dedans que dans un épisode moyen d’"Arabesque". Le résultat a cela de surréaliste qu’il rejette en bloc toute idée d’implication émotionnelle et physique, s’en tenant à des gestes, des effets de montage et des trucages pyrotechniques qui sentent plus la fatigue et l’implication zéro qu’autre chose.

Jonathan Hensleigh, brillant scénariste ("Une Journée en enfer", quand même !) mais réalisateur pataud ("The Punisher", tout de même !), ne fait même pas l’effort d’installer la moindre tension à mesure que les péripéties, pourtant très nombreuses, se multiplient. Le sentiment d’un scénario qui fait du surplace à partir d’un double enjeu scénaristique (sauver quelqu’un + affronter un ennemi) devient peu à peu aussi imposant qu’un lac gelé, se contentant de figer les caractères dans un manichéisme bas de plafond (sortez le chrono pour deviner en combien de temps vous saurez distinguer les gentils des méchants !) et de filmer les acteurs comme des glaçons impassibles et incapables de fondre.

En résulte une atonie hallucinante, couplée à des scènes d’action qui n’en sont pas et à des SFX indignes d’une production Asylum, qui trace une route pépère jusqu’à un dénouement final couru d’avance. Un petit avantage, quand même : cette aventure en déambulateur motorisé a le mérite de nous donner envie de revoir au plus vite le foudroyant "Sorcerer" de William Friedkin. C’est toujours ça de gagné.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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