I SMILE BACK
Un film cru et âpre porté par une actrice incroyable
C’est une héroïne troublée que met en scène Adam Salky pour son deuxième long métrage après "Entre vous deux", jamais sorti en salles françaises. Espérons qu’il n’en sera pas de même pour ce film puisqu’"I Smile back", bien que traitant d’un sujet vu et revu au cinéma, donne un implacable témoignage de ce que l’autodestruction peut susciter comme rejet de la part de l’entourage et à quel point ceci n’aide en rien les victimes de dépression.
Laney est mariée et a deux enfants. En surface, tout va bien. Son mari est un père aimant, qui parvient visiblement à maintenir un équilibre entre sa vie de famille et son travail. Ils vivent dans une grande maison cosy et ont deux enfants bien sages. En réalité, Laney maintient une façade devant sa famille, car une fois seule, elle souffre intérieurement. Cachets, cocaïne et adultères occasionnels sont les conséquences d’un mal plus profond qu’elle s’évertue à enfouir. Parfois, ça sort, en public, inopinément. Elle ne peut s’empêcher de pester envers une personne. Bipolaire et souffrant d’anxiété chronique, elle est en réalité difficilement gérable et se dit qu’elle ne mérite pas cette famille si formidable. Son besoin d’autodestruction et sa méprise de soi viennent peut-être du sentiment de rejet qu’elle a ressenti lorsque son père l’a abandonnée. Toujours est-il qu’il lui faudra affronter ses démons si elle ne veut pas mettre en pièce sa petite famille.
"I Smile back" est dur, cru et radical sublimant, par une mise en scène élégante et efficace, une actrice qui se donne à fond dans ce rôle plutôt compliqué. Car difficile de donner de l’empathie pour un personnage aussi torturé et dont les actions sont souvent en contradiction avec la vie parfaite qu’on lui imagine. Sarah Silverman (vue dans la série "Masters of sex" ou le film "Albert à l'Ouest"), pourtant peu habituée à ce genre de rôle, livre ici une prestation magistrale, passant sans mal de la mère aimante à la névrosée poussée par la pulsion de tout gâcher. Le reste du casting est tout aussi juste. Adam Salky réussi à retranscrire ce mal qui ronge Laney et qui envahit peu à peu sa famille, avec justesse et authenticité. Une belle tentative sur un sujet plutôt cliché qui montre que la guérison de ce genre de névroses passe aussi par le soutien des proches.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur