I, FRANKENSTEIN
Aïe, Frankenstein !
Il y a des jours comme ça où le simple de découvrir (ou subir, plutôt) un film catastrophique nous pousse à considérer l’invention du 7ème Art comme une grosse erreur. Et quand ses vilaines pensées viennent nous hanter, c’est en général lorsqu’une bande d’incompétents notoires se lancent dans la mise en chantier de projets cinématographiques avec le simple désir de s’essuyer les pieds sur toute notion d’immersion narrative, d’originalité, de mise en scène et de respect des mythes. Nul à tous les niveaux, "I, Frankenstein" s’impose comme le nouveau représentant de cette longue lignée de produits bouseux dont on se demande parfois comment un studio a pu autoriser leur mise en chantier. D’abord, ceux qui s’attendent à une modernisation du mythe de Frankenstein ou à une réappropriation hardcore de l’œuvre de Mary Shelley peuvent aller se rhabiller (ou, au mieux, revoir la version honnête de Kenneth Branagh sortie en 1994) : sous l’impulsion de Stuart Beattie, alias le scénariste de "G.I. Joe" et de la saga "Pirates des Caraïbes" (gloups !), on ne récolte qu’un pot-pourri hideux et franchement Z de tous les clichés de l’actionner à vocation fantastique et surnaturelle.
On doit ce projet à un certain Kevin Grevioux, ni plus ni moins que l’auteur des romans graphiques originaux, déjà réputé pour avoir écrit la saga "Underworld" et qui enfile ici plusieurs casquettes (scénariste, producteur, second rôle, etc…). L’influence de cette grotesque saga vampirique se ressent d’ailleurs ici à tous les registres, tant dans la propension du scénariste à mixer des influences qui ne vont pas très bien entre elles, que dans la bouillie visuelle qui annihile toute possibilité d’immersion dans cet univers gothique, sans oublier la présence de Bill Nighy en bad guy de service et une intrigue quasi identique (deux clans d’immortels remplacent ici les vampires et les Lycans). Du coup, ce succédané d’"Underworld" mixé avec "Van Helsing" n’accroche rien, atteint des sommets de laideur et ne compte que sur son acteur principal Aaron Eckhart (en général très mauvais dès qu’on lui demande de faire la gueule) pour apporter un zeste de tonalité badass (c’est raté) à un scénario bien au ras des pâquerettes. Quand on sort de la projection, il est heureux de constater qu’on a déjà tout oublié de ce que l’on vient de voir, et globalement rageant d’avoir perdu 93 minutes de son temps devant un machin pareil.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur