Festival Que du feu 2024 encart

I FEEL FINE.

Adolescent en danger malgré lui

Trois amis lycéens font les 400 coups ensemble et se demandent comment marquer les esprits lors du Prank (la farce) de fin d’année. Parmi eux, il y a Ozzy, plutôt réservé, qui s’intéresse à une nouvelle élève prénommée Mia. Découvrant sa dernière rédaction, son professeur d’anglais s’inquiète et lui demande s’il ressent vraiment les choses qu’il a écrites. Ne voulant pas alarmer ses parents quant à ses idées noires, celui-ci répond que non, et lui demande de ne pas les contacter. Mais lors du bal de promo, la pulsion de mort sera la plus forte…

"I Feel Fine." est une chronique américaine centrée sur un personnage d’adolescent (Ozzy, inspiré d'un ami de lycée du réalisateur), atteint de TOC suicidaire, trouble qui pousse soudainement la personne à passer à l’acte, la pulsion de mort étant plus forte que tout. Intelligemment, le métrage introduit Ozzy comme un garçon intégré et entouré de ses amis, Everett et Dru, avec lesquels il fait la course sur mes routes d’une campagne verdoyante, la fin de l’année scolaire approchant. Confronté à ses premiers émois, face à la nouvelle de la classe, Mia, il n’est pas pour autant introverti ou trop timide, abordant ce marqueur du passage à l'âge adulte avec assurance, entouré d'une famille aimante. Combattant ainsi les clichés sur le suicide, le couple de réalisateurs tente de nous faire ressentir les soudaines crises qui s’emparent d'Ozzy, qu’il étouffe soudainement sous la douche (un plan rapide sur ses amis criant sur un pont suggérant un événement passé...) ou qu’il soit soudain attiré par une piscine.

En choisissant de donner à voir, au milieu d’une chronique familiale et adolescente en apparence banale, et volontairement sans réel marqueur temporel (on se croirait quelque part entre les années 50 et les années 90), le suicide comme une affliction et non comme un objectif, Austin et Hailey Spicer ne sont pas exempts de maladresses, qu’il s’agisse de l’échange entre père et fils, ou des soudaines visions du corps du jeune homme, flottant dans l’eau ou branchant un pot d’échappement sur une portière de voiture. Ils tentent en tous cas avec sincérité, par des plans travaillés comme un usage d’une musique déformée, de nous transmettre le malaise ponctuel d'une personne pourtant consciente du danger lié à son TOC suicidaire, tout en créant malheureusement une sorte de suspense artificiel et plutôt malaisant. Le sentiment d’inabouti flotte ainsi sur le film, loin d’atteindre les sommets d’émotion d’un long métrage au thème très proche, le sublime "Des Gens Comme les Autres" de Robert Redford (Oscar du meilleur film 1981). On reste ainsi à distance de ce jeune homme comme de ses proches, la faute également à quelques interprètes (la soeur par exemple) dont la crédibilité atteint vite des limites.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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