Festival Que du feu 2024 encart

I, ANNA

Un film de Barnaby Southcombe

Poussif

Depuis une cabine téléphonique, une femme d'un certain âge tente d'appeler un homme. Celui-ci semble refuser de lui parler ou de la voir. Pour tromper sa solitude, elle expérimente le speed dating, sous le nom d'Allegra. Elle y fait la connaissance de George Stue, un homme qui sera bientôt retrouvé assassiné...

Pour son premier long métrage, le fils de Charlotte Rampling, Barnaby Southcombe, met en scène sa propre mère, dans le rôle d'une femme âgée à la recherche de nouvelles conquêtes et qui se retrouve mêlée à une mystérieuse histoire de meurtre. Face à l'actrice française, on trouve Gabriel Byrne en enquêteur ne voulant pas admettre qu'elle pourrait être un potentiel suspect. Ce dernier préfère, en effet, la voir comme une femme désirable, d'une classe et d'une douceur indéniable.

Construit à la manière d'un puzzle qui se veut complexe, « I, Anna » comprend nombre de flash-back éclairs sur la nuit du meurtre, et divers inserts qui ne donnent le change qu'un moment. Se voulant un film d'ambiance, porté par une musique aérienne qui ne fait malheureusement pas tout, ce drame poussif nous balade nonchalamment entre histoire d'amour naissante et thriller élégant. Pour tenter d'installer une vraie tension, le scénario nous emmène sur de fausses pistes, chargeant sans convaincre l'attitude louche de l'ex-femme et du fils du défunt, et développant peu à peu le caractère fuyant d'Anna, vraisemblablement plus perturbée qu'elle n'en a l'air.

Mais, à trop vouloir jouer la multitude de voies possibles et la répétition, la mise en scène en oublie le spectateur, pour se cantonner dans un cercle ennuyeux auto-entretenant un mystère qui n'en est pas un. « I, Anna » nous ramène, ainsi, vers un twist final déjà vu, qui n'explique pas tout, et envoie surtout trop rapidement aux oubliettes le côté trouble du personnage de Byrne lui-même. Reste l'interprétation de Charlotte Rampling, impériale, transcrivant à la perfection la détresse de cette femme fantôme, au regard aussi vide que son sourire est élégamment avenant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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