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I AM GRETA

Un film de Nathan Grossman

Un portrait riche, mais sans doute un rien prématuré

En juillet 2018, la jeune suédoise Greta Thunberg, alors âgée de 15 ans, entame seule une grève de l’école pour le climat, incitant tout un tas de jeunes à la suivre dans sa démarche. En sortiront les grèves scolaires du vendredi et une porte parole pour tout un mouvement…

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Étrangement, le documentaire "I Am Greta", découvert aux Festivals de Venise et des Arcs 2020, ne parvient que peu à capturer les motivations de la jeune Greta Thunberg, engagée dans la lutte contre le changement ou le dérèglement climatique. Même si son intelligence hors normes, son don pour la rhétorique et son franc parler forcent l’admiration, comme sa manière de combattre son mal-être dans les moments de contact social (elle est atteinte du syndrome d’Asperger, que le film réduit à un motif d’attaque de ses détracteurs, évacuant sans doute trop rapidement le côté obsessionnel pour un unique « objet » ou ici « sujet »), on ressort cependant un peu gêné de la projection de ce portrait à sens quasi unique.

Ce sont sans doute les images de sa première grève de l’école, présentées comme un élément quelconque du documentaire, qui font planer le doute sur l’implication et l’influence des parents, montrés en même temps comme des soutiens discrets. En effet, prises isolément, celles-ci questionnent sur l’intention médiatique de départ, entre l’attitude limite prostrée d’une jeune fille naturellement réservée, et la présence d’une caméra à escient. Le contraste entre le mode de vie familial (montré par un montage de vidéos de familles...), que Greta décrit elle-même comme la terrifiant, et celui qu’ils auraient adopté depuis grâce à elle, n’apparaît cependant pas comme flagrant. Et les esprits chagrin pourront même critiquer la visible aisance financière de cette famille, ayant certes beaucoup consommé à une époque, mais dont les besoins actuels posent questions. Un facteur qui n’est sans doute pas étranger à leur possibilité d’évolution rapide vers un autre mode de vie.

Que le manque de courage des politiques, mis en évidence ici, soit pour une fois mis en cause directement par des voix issues de la jeunesse est cependant sans doute salvateur. Mais au-delà des tribunes et des manifestations à répétition, là où le documentaire devient intéressant, c’est justement dans la manière dont le personnage, clairement dépassé par les événements, fait l’objet de tentatives de récupérations, par des personnages publics, des institutions, comme finalement par ses détracteurs (Trump, Bolsonaro, Putin...). La voir traitée stupidement de « bécasse égoïste » montre finalement l’ampleur des enjeux qui existent derrière un changement de politiques et de mode de vie. De quoi rééquilibrer un documentaire, qui sans être défaitiste, choisit de mettre au final dos à dos, d’un côté agacement et une forme de découragement, et de l’autre un évident aveuglement.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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