L'HYPNOTISEUR
Un polar oscillant entre tension et ennui
Il est assez surprenant qu'un réalisateur, enchaînant les mièvreries depuis presque cinq ans ("Hatchi ", " Cher John ", " Des Saumons dans le désert "), s'attaque à l'adaptation d'un polar nordique, publié comme l'auteur de la série "Millenium", chez Actes sud. Le réalisateur suédois quitte donc un temps les studios hollywoodiens pour revenir à sa ville natale et adapter du Lars Kepler bien violent et bien sombre.
Ça débute directement par un meurtre sanglant d'un prof de gym dans sa salle de sport. Arrive très vite la police, sur les lieux du crime, dont un inspecteur, qui regroupe tous les poncifs des polars : le genre obstiné, sans famille ni vie sociale, qui va même sonner à la porte de ses collègues qui, eux en ont une, peu importe s'il est l'heure du dîner ou une heure du matin. Le crime n'attend pas. Rapidement, il se rend compte que c'est à toute la famille du malheureux prof de sport que le tueur en voulait puisqu'il retrouve dans la maison familiale tous ses occupants décimés. Enfin presque, puisque l'un des enfants n'a pas succombé à ses blessures. Les séquences de découvertes des meurtres sont assez effroyables, l'atmosphère crépusculaire et inquiétante de ce Stockholm de nuit est bien rendue. C'est étonnant de la part de Lasse Hallström, mais le début laisse présager un bon polar, regroupant tous les codes post-"Se7en" du genre.
Hélas, l'arrivée du fameux hypnotiseur (un médecin de l'hôpital ayant visiblement des dons psychiques) va quelque peu bousculer ces pronostiques optimistes et le film va connaître ses premières longueurs, notamment avec les états d'âmes ennuyeux de sa femme. Lasse Hallström délaisse durant de longues minutes l'enquête pour s'intéresser à la vie privée de ce médecin hors du commun chargé d'un lourd passé que l'on découvrira plus tard. Heureusement, un événement revigore le spectateur qui se rendormira aussitôt car lorsque l'enquête piétine, le film également. On se retrouve ainsi ballotté entre suspense fulgurant et ennui hypnotique…
C'est fort dommage, car l'identité du tueur est difficilement prévisible. En revanche, une fois ce secret révélé, la suite des événements et les mystères demeurant, apparaissent d'une limpidité flagrante. À ce stade il reste encore trente minutes de dénouement où les prises de décisions de l'inspecteur de la brigade criminelle côtoient aussi bien l'irresponsabilité que l'invraisemblance. Très inégal.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur