HUMAN ZOO
Un film personnel, mais formellement maniéré
Rie Rasmunsen a fait avec « Human Zoo » l'ouverture de la section Panorama du Festival de Berlin 2009. Ce trip entre Serbie et France, violent, décalé et débordant d'une certaine énergie, est basé sur un scénario au début intriguant, narrant en simultané le regain de confiance d'une femme autrefois prisonnière des Serbes et libérée par chance par l'un d'eux. Une étrange histoire d'amours au pluriel, de pardon et de vengeance, se dessine peu à peu, mais malgré de bonnes intentions, ne tient au final pas tout à fait la route. La faute à des interprètes dont la spontanéité est plombée par des attitudes désinvoltes, poseuses et finalement peu crédibles (ah, l'Américain sensible et curieux du monde, forcément poète à ses heures et parlant tout haut, ah la top model qu'on viole en dernier dans un cave, mais qui se transforme facilement en tueuse...).
Malgré une dynamique forte et quelques scènes touchantes, on ne croit jamais vraiment à ces deux personnages, dont la solitude semble le point commun. Lui est presque agaçant dans sa manière d'être seul, elle a laissé quelque chose là-bas, que l'on ne découvrira qu'à la fin. Pourtant le suspense n'existe pas réellement. Accueillie dans une famille française dont la fille (adoptive, immigrée également) disparaît, l'héroïne n'évolue guère au contact des autres et l'on aura rapidement compris que sa guérison du traumatisme passe par la rébellion. Sauf que les petites frappes du coin se déculottent un peu vite (elle va leur apprendre ce que c'est que la guerre !), et que découper des doigts devient une manie. Et malgré l'esthétique et quelques bonnes idées de mise en scène (la fusillade vue d'au-dessus), on reste au final étranger à ce récit pourtant très personnel.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur