HOURIA
Derrière la danse, la situation d’un pays
Houria suit des cours dans l’école de danse de sa mère à Alger, préparant comme d’autres jeunes filles un diplôme de sport. Pour se faire de l’argent, elle travaille aussi comme femme de ménage, et se rend certains soirs à des combats de boucs clandestins, pour parier. Mais un soir, un homme tente de lui voler son argent et elle fait une chute dans un escalier. Devenue muette et avec une double fracture à la cheville, elle va tenter de se reconstruire par la danse…
Houria est le nouveau film de Mounia Meddour, réalisatrice du très remarqué "Papicha". Avec dans le rôle principal Lina Khoudri, elle met en scène, quelques mois après l’énorme succès de "En corps" de Cedric Klapisch, une histoire certes de reconstruction par la danse, mais dotée d’une toile de fond qui traduit à la fois la situation d’un pays, l'Algérie, et les espoirs d’une jeunesse en manque de liberté. Autour de Houria, il est donc question d’émigration vers l’Europe, de dangerosité des passeurs, mais aussi des excès de pouvoir de la police et des fameux « repentis », anciens djhidatistes responsables de la disparition de milliers de personnes, auxquels « personne n’a pardonné ».
Au travers d’une histoire très sombre, illuminée par la beauté de son actrice et par la légèreté de ses mouvements retrouvés (jusqu’au spectacle final, sur un toit, bordé d’éléments poétiques), c’est ce processus de pardon que semble réclamer un scénario à la construction méthodiquement tournée vers ce sujet. Si l’on met de côté de réels problèmes de rythme dans la partie centrale du film, le film parvient tout de même à susciter l’émotion, par l’absence de perspective de cette jeunesse ici joliment mise en valeur et par le traitement frontal d’un sujet souvent passé sous le tapis par les autorités. Un long métrage sans doute pas aussi puissant que le précédent de Mounia Meddour, mais qui mérite le détour.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur