HÔTEL WOODSTOCK
Peace and love baby
Elliot Tiber est un jeune architecte d’intérieur qui vit dans l’État de New York. Face à la détresse de ses parents, propriétaire d’un motel insalubre de White Planes, Elliot essaie désespérément de les sauver de la faillite, c’est alors qu’il décide d’organiser un concert pour les habitants du village qui va prendre des allures de festivals et devenir l’événement mythique de 1969 : Woodstock…
Après « Lust caution », Ang Lee revient sur les écrans avec une interprétation de l'autobiographie d'Elliot Tiber, jeune organisateur de Woodstock en 1969. Sujet assez inhabituel pour le plus américain des réalisateurs taïwanais, qui n'a jamais traité de sujet aussi 'rock'n roll', mais qu'il aborde tout de même sous un angle qui lui est familié : le conflit entre générations, parents-enfants, comme il l'avait fait dans « Ice storm », et l'homosexualité avec une grande pudeur et un naturel, comme dans « Le Secret de Brokeback Mountain ».
« Taking Woodstock » est une belle histoire sur les valeurs qui animent certains hommes, les obligeant à repousser leurs limites pour arriver au succès ; ce qui est celui d'Elliot Tiber, qui envers et contre tous, se bat pour sauver ses parents, et par conséquent réussit à se libérer du carcan dans lequel il s'est fait enfermer. Si certains spectateurs s'attendent à voir une partie du film consacré à l'événement en lui même, ils seront alors déçus, car « Taking Woodstock » n'a rien d'un film musical. Tout comme le personnage principal, nous n'arrivons pas jusqu'à la scène, mais restons dans un mouvement perpétuel, allant de l'organisation au plaisir des sens. Ce qui n'est pas forcément un tort, car les films dans lesquels on nous donne de faux Janis Joplin ou Bob Dylan, n'en sont pas plus crédibles.
Du point de vue du casting, le jeune Elliot Tiber est interprété magnifiquement par Demetri Martin, un bon garçon, bien propre sur lui, peu coincé, mais animé par une envie de se dévergonder, et qui va devenir une icône sans le vouloir. Une sorte de coeur pur au milieu d'un monde déluré. Sa mère, interprétée par Imelda Stauton ("Vera Drake"), en juive avare et aigrie, est un personnage tout aussi attachant de part son décalage avec l'évolution des mentalités de l'époque, que par ses valeurs d'antan qui dénotent complètement avec l'état d'esprit détaché du matérialisme des hippies.
A cette affiche s'ajoute aussi Liev Shreiber en travesti blond, tout juste hilarant et super attachant, qui devient l'intermédiaire entre les 2 générations qui se cotoient dans le motel des parents. Seul bémol au casting, le personnage de Billy, ex-vétéran du Vietnam, interprété par Emile Hirsh, qui, on peut le dire, ne sert à rien, alors qu'il eut été intéressant de faire un parallèle entre les 2 mondes que ces 2 personnages principaux opposent.
Comme toujours, la caméra d'Ang Lee sublime tous les plans et visages, comme en témoignent les premiers plans présentant le décors du film, ou encore quand Demetri Martin et Emile Hirsh assis contre un arbre, discutent des hallucinations et cauchemars qui l'animent depuis son retour. Par contre, on se demande encore à quoi pouvaient servir les split screens... qu'on peut peut être voir simplement comme des rappels du film « Woodstock » de Mickael Wadleigh (1970)...
Taking Woodstock est une belle aventure qui nous entraîne dans les coulisses peu connues de l'une des aventures humaines de l'histoire du rock'n roll, de l'émancipation et la libération des moeurs de la fait des années 60 : Woodstock, sur un fond de toile familial.
Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur