HORNS
Un principe subtil
« Horns » est certainement l'une des meilleures surprises de cette année 2014. Notamment parce que son scénario est particulièrement abouti et assume parfaitement, en plus de ses aspects fantastiques, son penchant romantique échevelé. Car derrière cette histoire d'un supposé personnage démoniaque (le héros a potentiellement assassiné sa petite amie), qui se voit pousser des cornes que seulement certains autour de lui peuvent voir, se cache à la fois un film à la symbolique puissante sur les rapports entre un présumé coupable et ses proches, un thriller avec secrets, et une histoire d'amour « pour toujours » des plus touchantes.
À l'aide d'un montage finement étudié, le réalisateur lance des bribes de l'histoire d'amour passée, nourrissant l'enquête, noircissant le trait, révélant des trahisons et autres mensonges. Car l'autre particularité de ce malin scénario est de mettre au centre de l'intrigue la question de la vérité, révélant de manière surprenante les sentiments, les motivations, les désirs cachés de chacun. Dégoupillant ainsi les situations les plus dramatiques, Alexandre Aja (« Piranha 3D », « La colline a des yeux ») pose également son héros en paria, victime indirecte des égoïsmes de certains, et isolé de proches qui ne croient plus en lui. On souffre donc pour le personnage, interprété par un Daniel Radcliffe ténébreux, jouissant de pouvoirs qu'il apprend à maîtriser.
Roublard et sensible, le scénario construit en parallèle plusieurs malédictions, celle d'un homme qui ne peut se débarrasser de cornes de plus en plus envahissantes (voir la scène mémorable chez le médecin, qui tente de les lui scier...), celle d'un homme mis au banc de la société pour un crime qu'il croit ne pas avoir commis, et celle d'un couple qui aurait dû durer. Une belle histoire, pleine de surprises, pour un film esthétique, intelligent, délicieusement ironique et au final terriblement émouvant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur