HORIZON – CHAPITRE 1

Un film de Kevin Costner

Un film si loin de toutes les conventions

Dans la vallée de San Pedro, en 1859, une famille, à qui l’on a vendu un bout de terre, s’atèle à en délimiter les espaces. Mais elle ignore qu’elle se trouve sur les terres des Apaches, bien décidés à conserver la jouissance de la terre de leurs ancêtres…

Que d’impatience pour ce film qu’on espérait grandiose. Kevin Costner, le réalisateur de "Danse avec les loups" semblait se lancer dans une fresque épique, remis en selle par le succès de la série "Yellowstone" qui redonnait par la même occasion du souffle au western. Un genre cinématographique mort autant de fois qu’il a été ressuscité ! Il suffit juste de taper dans la filmo de Costner pour s’en convaincre, avec le jouissif "Silverado" (1985), le majestueux "Danse avec les loups" (1990), l’intense "Wyatt Earp" (1994) et le beau "Open Range" (2003). Alors, le retrouver derrière et devant la caméra, pour une saga qui affiche deux volets cette année et un autre à venir*, tenait de l’excitation intense pour peu qu’on aime le western et la star Kevin Costner, invité de marque au dernier Festival de Cannes, qui lui a fait les honneurs d’une mise en lumière logique et inoubliable marquée par une standing ovation d’une dizaine de minutes durant laquelle le réalisateur n’a pu retenir ses larmes.

Sur le fond, "Horizon" porte une ambition folle : raconter la conquête de l’Ouest comme aucun autre film n’a pu le faire, c’est-à-dire loin de toutes les conventions hollywoodiennes et exactement comme l’entend son réalisateur-producteur, Kevin Costner ! En même temps, ce dernier est allé jusqu’à hypothéquer sa maison pour produire ce film qu’il porte depuis deux décennies… Si tout donne envie sur le papier, force est de constater à l’issue de la projection que la promesse n’est pas complètement tenue. Pourtant, la production d’ "Horizon" est de haute volée. La photographie est merveilleuse. La mise en scène est particulièrement soignée, les plans sont superbes, magnifiant autant des décors et des paysages qui restent en mémoire que des portraits (serrés) de personnages dont on découvre les vies dans cette « introduction » de 3 heures. Car il s’agit bien ici de poser les bases de cette saga fleuve. Malheureusement, même en 180 minutes, le scénario ne peut tout dire des personnages qu’il nous présente. Les ellipses sont nombreuses autour de la dizaine de protagonistes dont on suit les premiers pas sur les terres de l’Ouest américain et ç’en est un peu frustrant.

D’autant que le découpage du film n’aide pas. Le spectateur est baladé dans le temps et l’espace, d’État en État, de personnages en personnages, chacun ayant son arc narratif bien spécifique. Sauf que les histoires ne sont pas traitées à jeu égal, rendant le film bancal. "Horizon" est tantôt jubilatoire (le siège de la maison), tantôt ennuyeux (la caravane de chariots), tantôt malaisant (l’amour naissant entre la veuve et le capitaine), tantôt prenant (la cavale de Costner et la prostituée)... Louons, tout de même, à Costner la modernité d’une écriture qui s’affranchit d’une vision manichéenne de la conquête de l’Ouest, donnant à voir les destins d’hommes mais aussi de femmes, de colons mais aussi d’Amérindiens, sans jamais tomber dans la caricature du jugement, le parti pris d’un camp ou la glorification d’un épisode de l’histoire de son pays qui a entraîné tant de victimes. Et dans "Horizon", celles-ci se comptent à la pelle et en croix notamment plantées par des pionniers sur une terre dont ils se croient propriétaires.

Alors certes, on peut ne pas être complètement conquis par ce premier volet, mais une chose est sûre, impossible d’en sortir sans être impatient de voir la suite ! La saga est irrémédiablement installée et même si le film se termine un peu n’importe comment (avec une étonnante bande-annonce laissant entrevoir des extraits de l’épisode numéro deux), on trépigne de retrouver ces personnages qui convergent tous vers des destins liés dans la cité qui fleure bon le rêve américain : Horizon !

* la Warner a finalement annoncé le report sur le sol américain de la sortie du deuxième volet prévu en août à une date indéterminée suite aux résultats décevants au box-office US du premier volet. Objectif : laisser plus de chance à ce dernier d’être vu (en VOD et sur HBO Max) et susciter davantage d’intérêt pour la suite. La sortie française du deuxième opus (prévue initialement en septembre) est également impactée, Metropolitan ayant annoncé le report du film. La même stratégie américaine semble être adoptée avec une sortie en VOD et sur la plateforme Max avant sa sortie salles…

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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