HOMO SAPIENS
Un court passage sur terre
Remarqué au Forum du Festival de Berlin 2016, "Homo Sapiens", documentaire autrichien, laisse au visionnement une trace longtemps indélébile. D'abord par la beauté picturale, véritablement fascinante, des plans fixes que nous propose Nikolaus Geyrhalter, filmant la sublime décrépitudes de lieux pourtant synonymes de vies passées (écoles, hôpitaux, usines, rues, prisons...). Ensuite par le pouvoir de suggestion que chaque séquence, s'attardant par plusieurs plans sur un même lieu, qu'ont ces images sur le mental du spectateur, suggérant d'abord une catastrophe (le fait d'avoir des distributeurs ou devantures pleines dans les premières séquences, suggère une évacuation d'urgence ou un événement naturel type tsunami) puis le passage du temps.
Chacun pourra donc projeter ses fantasmes ou ses peurs sur ces images aussi répulsives que proprement captivantes, le réalisateur ayant choisi de ses passer de tout commentaires. Pourtant au fil du long métrages, son dessin apparaît peu à peu, replaçant l'homme dans son contexte temporel limité, rappelant grâce au plan final où un bâtiment disparaît progressivement dans le brouillard, qu'il est avant tout seulement de passage sur terre. Et que la nature reprendra toujours ses droits, quelle que soit ses constructions. Une film magnifique et hypnotique, qui n'est pas sans évoquer les photos d'Aurélien Villette, et qu'on ne saurait trop conseiller d'apprécier sur grand écran.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur