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L'HOMME QUI PHOTOCOPIAIT

Un film de Jorge Furtado

Une bien belle histoire

André doit faire des photocopies toute la journée. Mais il aime aussi Silvia, qu'il pourrait sauver à condition de trouver trente huit reals…

« O homen que copiava » est le deuxième long métrage de Furtado après « Houve uma vez dois verões » en 2002. Tourné à Porto Alegre comme « l'île aux Fleurs », il est dans la lignée du court-métrage. Porto Alegre étant le symbole de la contestation sociale et de la critique de la mondialisation, le lieu de tournage est particulièrement bien choisi. On retrouve dans ce film la même ironie et le même ton incisif, mais « O homen que copiava » est une fiction. Les thèmes chers à Furtado, comme l'argent et son pouvoir sont développés à travers l'histoire d'un « opérateur de photocopieuse », et les montages/ collages du personnage principal, rappellent ceux réalisés par Furtado dans ses films.

L'histoire, c'est celle d'André, un jeune homme de 20 ans, tout ce qu'il y a de plus normal en apparence, qui a pour mission de photocopier à longueur de journée : un métier guère fascinant. Il aime aussi Silvia qu'il observe beaucoup, et il a besoin de trouver 38 reals pour sauver la vie de la jeune femme. L'objectif peut faire penser au film de Tom Tykwer « Cours, Lola cours » mais il n'en ait rien. « O homen que copiava » est tout en douceur, en naïveté.

Déjà le titre du film intrigue « L'homme qui photocopiait ». Qu'est-ce qui peut bien être si fascinant ? Détrompez-vous, Jorge Furtado sait surprendre le spectateur et le remettre en question sur des sujets de société.

Le personnage principal, André, est fasciné par tout, il est curieux et s'instruit aussi par ce qu'il photocopie. Sa vie prend un tournant, le jour où il essaie de photocopier des billets de banque… L'argent est ici vu comme un moyen de sauver Sylvia, la fille qu'il aime, et de pouvoir sortir d'une vie assez misérable. « O homen que copiava » est un film plein de tendresse et d'amour autour de l'histoire des deux jeunes, sans tomber dans le romantisme niais. Les péripéties pour trouver l'argent sont remplies d'humour: le braquage, les faux billets, le gain au loto, et font rebondir « l'action ». Les regards qu'il pose sur Sylvia, et l'histoire de la fameuse chemise de nuit comme prétexte pour la voir dans le magasin où elle travaille, montre avec tendresse, la timidité et la maladresse d'André. Même lorsqu'il l'observe de sa chambre avec des jumelles, Furtado ne nous le montre pas comme un voyeur pervers mais comme un garçon amoureux et attachant. D'ailleurs, le voyeur dans l'histoire, n'est pas celui qu'on croit... Outre la description d'une société individualiste où l'argent règne, Furtado nous dépeint ici une belle histoire avec son style si particulier.

Alexandra TrepardouxEnvoyer un message au rédacteur

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