HISTOIRE DE MA MORT
Incompréhension générale
Tous les problèmes de ce film se retrouvent dans les premières cinq minutes. On sait alors que la séance va être longue. En effet, dès le début, le principal défaut s'affiche : l'incompréhension totale face à ce que l'on regarde. Un des ingrédients majeurs pour l'appréciation d'une œuvre cinématographique reste tout de même le fait de la comprendre, ou au moins d'avoir des clés pour réfléchir autour. Mais là, le réalisateur, à force de vouloir se détacher de trop de codes, n'en respecte plus aucun. Plusieurs éléments entrent alors en jeu pour conforter cette idée.
Premièrement, il n'y a aucun repère. Qu'ils soient spatiaux – Albert Serra reste très vague sur les lieux où se trouve ses personnages, temporels, ou même sur l'identité des protagonistes. Il faut quand même attendre deux heures avant d'entendre pour la première fois (mais aussi la dernière) le nom de Casanova ! De plus, on apprend seulement en voyant le générique de fin que le personnage bizarre et un peu trop maquillé que l'on suit dans la dernière demi-heure se trouve être Dracula. Le deuxième élément jouant sur l'incompréhension est la photographie. En effet, on se retrouve bien souvent devant des plans tournés de nuit mais très mal éclairés, ce qui nous donne une image dans laquelle on doit deviner ce qu'il se passe. Ensuite intervient le montage. Bien que certains cinéastes aiment jouer sur les silences et les longueurs, Albert Serra en abuse et à mauvais escient, les acteurs semblent embarrassés devant la caméra et donnent l'impression de ne plus savoir quoi faire une fois leurs répliques lancées (sans aucune conviction, au passage). Sauf, bien sûr, Vicenç Altaió i Morral, interprète de Casanova, qui vient détruire l'image que l'on a du gentilhomme charmeur en en faisant, par un sur-jeu vite agaçant, un vieil homme puéril et parlant pour ne rien dire.
Au final, il n'est pas normal que l'on soit obligé de lire le synopsis d'un film pour en comprendre les tenants et les aboutissants. Et pour ce métrage, il est préférable de se diriger vers la lecture des mémoires de Casanova, Histoire d'une vie, pour y retrouver un minimum de panache.
Quentin ChirolEnvoyer un message au rédacteur