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HIJO DE SICARIO

Le poids de l’héritage

Josué est un sicario, un tueur à gage, vivant dans le sud du Mexique avec son fils Sujo. Un jour, Josué est éliminé par un cartel. Sujo échappe de peu au même sort grâce à l’aide de sa tante. Des années plus tard, Sujo semble suivre le même chemin que son père. Il va devoir lutter pour changer de vie et échapper à son destin…

Le milieu des cartels de la drogue sud-américain semble un sujet dans l’ère du temps. Film, série, documentaire, ce milieu a envahi nos écrans et nous est devenu familier. Nous connaissons leur code d’honneur et leurs méthodes aussi bien que les lois de la République. On ne s’étonnera donc pas de suivre dans les premières minutes de ce film Sujo, un mignon petit bonhomme de 4 ans, poursuivi par des tueurs à gage au service du cartel. Son père, lui aussi un tueur au service du cartel, a commis une faute et pour cela il a été éliminé. La faute et le châtiment ne nous sont que suggérés, mais on imagine aisément le caractère excessif de la punition. Excessif également le fait de s’en prendre au fils du fautif. Mais on connaît la propension des cartels à faire des exemples et à instiller la peur dans l’esprit de ses opposants.

Sujo est heureusement secouru par sa tante, Nemesia. Faisant preuve d’une grande piété familiale, elle cache son neveu au mépris du danger. Le duo de réalisatrices joue habilement sur le suspense et la tension liés à cette situation. On tremble pour eux, on souhaite vivement qu’ils s’en sortent et que les assassins ne découvrent pas le pot aux roses. Et puis plus grand-chose. Par une ellipse on comprend que plusieurs années ont passé et que Sujo n’est plus la cible de la vindicte du cartel. Tant mieux pour lui, mais tout cela manque de clarification.

C’est après une première demi-heure consacrée à cette sorte de chasse à l’homme que le véritable sujet du film se révèle enfin. En effet, Sujo commence à suivre la même voie que son père en travaillant pour les mêmes individus peu recommandables. Pourquoi décide-t-il de quitter cette vie ? Prend-il conscience du fait qu’il n’a que peu à gagner et tout à perdre ? Toujours est-il que Sujo prend le chemin de la grande ville en laissant tout derrière lui. C’était sans doute la résolution à prendre, mais encore une fois cela manque de clarté. Cette décision de Sujo, ainsi que celle qu’il prendra par la suite jusqu’au dénouement, ne sont pas justifiées et ne semblent pas suivre de raisonnement logique. D’où lui vient cette envie de s’inscrire en cours de littérature en auditeur libre ? Une bonne idée qui paraît plus sortie du chapeau des auteures de ce film que de son protagoniste.

La volonté affichée de raconter une histoire sans fioritures ni grandiloquence est prise à défaut par ce manque de crédibilité dans la trajectoire du héros. On aimerait davantage croire à ce qui se déroule à l’écran, mais tout parait artificiel. Il ne sera pas difficile de passer à côté de "Hijo de Sicario", Grand Prix du Festival de Sundance 2024, film qui partait pourtant avec de bons arguments.

Benjamin BidoletEnvoyer un message au rédacteur

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