HIJACKING
Un film sous tension
Mikkel est cuisinier à bord du MV Rozen, un cargo naviguant en direction de Mumbaï. À la fin de ce trajet, une permission l’attend pour rejoindre sa femme et sa fille au Danemark. Mais c’était sans compter sur une bande de pirates somaliens qui décident de prendre l’équipage en otage, dans le but d’obtenir une rançon de 15 millions de dollars. C’est alors le début de longues négociations entre Peter, PDG de la compagnie du Rozen, et Omar, l’interprète des pirates…
Tobias Lindholm signe avec "Hijacking" son deuxième long-métrage après "R", un film revenant sur les conditions de vie en prison. Là encore, il fait le choix de s'intéresser à des lieux fermés en offrant aux spectateurs une sorte de double huis-clos. L'un se situe sur le MV Rozen, ce cargo perdu dans les eaux de l'océan Indien et l'autre, à plusieurs milliers de kilomètres de là, dans les bureaux de la compagnie danoise à qui appartient ce bateau. Dans ces différents lieux, il met en avant quatre personnages : Peter, le PDG de l'entreprise, qui décide de gérer les négociations, Mikkel, le chef cuisinier à bord du cargo, qui est choisi par les pirates pour s'adresser à son supérieur, Omar, l'interprète des pirates et donc le seul capable de communiquer clairement avec les danois, et enfin Connor, un spécialiste en négociations lors de prises d'otages.
Entre les deux lieux clos, il n'y a que très peu de moyens d'échanger, c'est donc soit par téléphone, soit par fax que l'on communique. Et grâce à ce choix scénaristique, le réalisateur vient apporter une tension grandissante parfaitement maîtrisée. Il joue pour cela soit le hors-champ, laissant ainsi la violence à l'autre bout du fil, et marquant par ce biais l'impuissance des cadres danois et nous laissant le doute sur ce qu'il s'est réellement passé sur le cargo, soit sur l'attente en temps réel des réponses faxées par les pirates. Une opposition vient donc se mettre en place entre le chaos qui règne sur le cargo et le calme (pourtant relatif) de la salle des négociations à Copenhague. Car comme le dit Connor, « (ils sont) sur une autre planète ».
Malgré un thème de la prise d'otage difficile à aborder, Tobias Lindholm ne tombe pas dans le piège d'une vision manichéenne. En effet, avec l'avancée du film et donc de la durée de détention des otages (bien amenée par des sur-titres annonçant le nombre de jours passés, à la manière d'un carnet de bord), on découvre la part plus humaine des pirates et le côté plus sombre des dirigeants. Le spectateur est donc tantôt conduit à détester les preneurs d'otages, tantôt amené à ne plus comprendre les décisions des négociateurs danois. Au final, on vit ce film au travers des différents otages, que ce soient ceux retenus sur le bateau ou ceux prisonniers de la situation, comme Peter ou même Omar, tous deux obligés de mettre leur vie en suspens, le temps d'une parenthèse de violence, mais toujours pudique, celle-ci se situant toujours hors-champ, dans l'imagination des spectateurs.
Quentin ChirolEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE