HIGH LIFE
Sexe et espace, le bad trip de Claire Denis
Claire Denis a sans nul doute vu "2001, Odyssée de l’espace", en particulier la séquence finale d’hallucinations visuelles et la tension insupportable créée par le silence et le regard vide de personnages dont les motivations sont insaisissables. Mais là où la magie de Kubrick peut prendre chez certains spectateurs, celle de Claire Denis s’effondre pour former une œuvre ésotérique complètement refermée sur elle-même.
Qui sont les personnages, leur mission est-elle autre chose qu’un McGuffin absurde, pourquoi sont-ils si violents et si portés sur le sexe ? Pourquoi y a-t-il des matelas avec des sangles sur les murs ? S’agit-il d’une parabole métaphysique, mais dans ces cas-là, pourquoi se retenir si fort à la matérialité du sexe, de la procréation et à la violence pure et graphique non sublimée ?
Les aficionados du Robert Pattinson de Cronenberg vont être servis, car le rôle de Monte est très proche de celui de Eric Packer, un jeune homme débordant de charisme à la violence rentrée, qui ne sait pas pourquoi il est là ni ce qu’il a à faire. Il s’ennuie, il rêve, il ne comprend rien et essaie de s’en foutre. Il remet une pièce dans la machine chaque jour, non pas parce qu’il croit à quoi que ce soit, mais seulement parce qu’il n’a pas vraiment envie de périr.
Une des vraies qualités du film, bien qu’elle puisse sembler très veine tant elle n’apporte rien à la narration et au propos, est le travail sur la matérialité. En effet, le chef décorateur et le chef opérateur ont dû s’échiner à créer de très belles ambiances qui mettent en avant la texture, la composition des matériaux. La terre est très intelligemment et matériellement filmée, mais dans quel but ? Une question qui ne trouve jamais vraiment de réponse, car la question n’est jamais vraiment posée. Sans enjeu, sans personnage et sans motivation personnelle, le film se présente comme une errance, un trip audiovisuel borderline expérimental.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur