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HIERRO, L'ÎLE DU MAL

Un film de Gabe Ibáñez

L'amour d'une mère

Alors qu’il voyage à bord d’un ferry vers l’île d’El Hierro, le fils de Maria disparaît. Est-il tombé par-dessus bord ? A-t-il été kidnappé ? Personne ne le sait. Six mois plus tard, Maria reçoit un appel inattendu. Le corps d’un enfant a été découvert et elle doit retourner à El Hierro afin de l’identifier…

Sortie en DVD le 23 novembre 2010

Célébré il y a encore peu pour son éclectisme, sa virtuosité formelle et narrative, et son attachement aux racines même du genre fantastique, le cinéma espagnol continue de nous délivrer à intervalle régulier ces petits électrochocs filmiques dont il a le secret. Et alors que la surabondance de films commence à se faire sentir (Balaguero et Plaza qui en remettent une couche avec "[REC]2", les films très limites d'Elio Quiroga), voilà que nous arrive ce petit bijou pour le moins inattendu, s'inscrivant dans la tradition fantastique local (une ambiance gothique en adéquation avec les tourments de protagonistes parfaitement écrits, un recours au surnaturel pour mieux illustrer l'universalité du propos) pour mieux en triturer les codes, le novice Gabe Ibañez préférant aborder les rivages du thriller psychologique plutôt que du fantastique pur.

S'inscrivant dans la lignée d'un "Orphelinat" omniprésent, "Hierro" traite lui aussi d’une disparition d’enfant et du travail du deuil qui s'en suit. Déjà fabuleuse dans "Lucia et le sexe", "Fragile" ou "Mesrine : l'Instinct de mort", la belle Elena Anaya trouve ici son rôle le plus exigeant, jeune mère endeuillée en proie au doute quant à la mort possible de son fils, et dont l'émouvante détermination ne saura trouver apaisement que dans l'acceptation d'une vérité terriblement cruelle. Magnifiée par une photographie mélancolique à la beauté crépusculaire, elle se retrouve plongée au cœur d'un cauchemar quasi-onirique et à l'inventivité constante, à la réalisation nerveuse pleine d'idées épatantes (l'accident de voiture du prologue est à ce titre une petite leçon de mise en scène).

Plus proche d'un suspense hitchcockien que du cinéma de ses collègues ibériques, pour le coup, Ibañez mène sa barque à un train d'enfer, jusqu'à un dénouement qui achèvera les plus fébriles. Sacré film, pour un réalisateur dont on n’a surement pas fini de parler.

Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur

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