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HIDDING SADDAM HUSSEIN

Un film de Halkawt Mustafa

Un témoignage historiquement intéressant, mais dépourvu de tout regard cinématographique

Alors qu’il est un simple fermier, un homme se retrouve à devoir aider à cacher le Président Saddam Hussein. Vingt ans après, le principal intéressé revient sur cette histoire hors-du-commun…

Ces images avaient fait le tour du monde le 13 décembre 2003 : le Président Saddam Hussein extirpé d’un trou par l’armée américaine. Cette séquence, le cinéaste Halkawt Mustafa ne l’a jamais oubliée, au point de se fasciner pour cet épisode de l’histoire de son pays. Comment l’homme politique avait-il pu se trouver dans une cachette aussi sordide que sommaire ? Pour trouver les réponses à cette question, le réalisateur va retrouver celui qui a creusé cette tanière.

Sur le papier, rien ne prédestinait Alaa Namiq à croiser la route du dirigeant, lui, le modeste fermier d’une bourgade à une centaine de kilomètres de Bagdad. Pourtant la guerre va retentir et obliger les élites à fuir la capitale. Et ce qui ne devrait être que le hasard d’une nuit durera plusieurs mois. Suite à un concours de circonstances, l’agriculteur se voit héberger Saddam Hussein en fuite. Face caméra, le protagoniste revient sur ces 235 jours hors du temps, de la première rencontre jusqu’à l’arrivée des troupes américaines. Malheureusement, si le sujet est plein de promesses, le résultat est lui beaucoup plus anecdotique, le film prenant la forme d’une longue interview entrecoupée d’archives et de scènes reconstituées par des comédiens. Avec une ambition formelle limitée, l’objectif du métrage est clair : se faire l’écho d’un témoignage resté silencieux durant plus de vingt ans.

Le problème est la complaisance du principal intéressé envers le dictateur. Si au détour d’un dialogue, on comprend qu’il a désormais conscience de ses agissements, de son utilisation d’armes chimiques contre une partie de son peuple ou de la répression violente contre les musulmans chiites, celui-ci raconte encore leur amitié avec émotion. Pour lui, Saddam Hussein était « parfait », du fait de ce que les médias montraient à la population dans ce pays où la censure régnait et l’information était pleinement contrôlée. Mais à l’écouter retracer leur relation, la manière dont il a occupé tous les rôles pour lui, du coiffeur au confident en passant par le métier de chauffer, quelque chose ne sonne pas juste, troublant les intentions réelles du projet.

Et ce n’est pas la conclusion du film qui va nous retirer de cet arrière-goût douteux, offrant finalement une tribune à un « ami » du despote comme il aime lui-même se présenter. Si le récit pointe à juste titre les comportements condamnables des troupes américaines, en particulier avec les prisonniers, il manque un contrepoint à cette narration, un regard pour recontextualiser les propos et mettre en perspective cette subjectivité avec les faits et le parcours de l’homme d’État. Il n’est pas toujours bon de déterrer le passé…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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