HERO
Un héros pas si net, dans un film somptueux
Le redouté Roi de Qin se terre depuis des années dans sa cité, portant son armure en permanence, pour ne pas être assassiné par les redoutables guerriers Lame brisée, Flocon de neige et Ciel étoilé. Un mystérieux guerrier, nommé Sans nom, ayant eu raison des trois traîtres, il décide de le recevoir et de le récompenser. Celui-ci commence alors à raconter comment il est venu à bout de ses ennemis, en usant de la force, mais aussi de stratégie…
Si le scénario de "Hero" est aussi prenant, c'est qu'il est basé sur une trame devenue classique, mais pourvoyeuse de rebondissements : la vision des mêmes actes sous différents angles, ou avec différentes interprétations. Ici, le fameux héros n'en est finalement peut-être pas un, et le spectateur cherche lui aussi la vérité, au milieu de scènes de combat toutes dignes de légendes les unes que les autres. Ici, comme dans "Tigre et Dragon", les guerriers volent, font des pirouettes dans les airs, avec grâce et ardeurs, il évitent les flèches, ils créent des tourbillons de feuilles, ils font se plier les lames. Ces héros sont des sur-hommes, de la trempe de ceux qui font les mythes.
Les décors, et la manière de filmer, rendent bien cette sensation d'échelle inhumaine (la cité, vue depuis le ras du sol, l'armée, couvrant l'intérieur de la cité interdite ou un désert tout entier…). Les morceaux de bravoure sont chorégraphiés au millimètre prêt, et l'utilisation des effets spéciaux est à grand peine perceptible. Signalons la scène, extrêmement réussie, d'attaque d'une forteresse abritant une école de calligraphie, à coups de milliers de flèches envoyées simultanément. Visuellement époustouflante, lorsque la caméra suit les flèches, ou les voit arriver, de face comme de biais, elle ne sera pas cependant la plus magnifique, chaque combat ayant lieu dans un décor différent des plus somptueux.
Les couleurs de chaque plan sont d'ailleurs travaillées de manière impressionnante, en lien souvent avec les tenues des personnages. Ces mêmes tenues qui reflètent les traits de caractère des personnages selon la version de la scène. Quand les hommes se conduisent en traîtres, ils sont tous habillés de rouge. Quand les amants se rencontrent, ils sont vêtus de vert, symbole de la sérénité. Enfin, quand vient l'heure de la sagesse, c'est le blanc qu'ils privilégient. Hero est donc un film étonnant par sa plastique parfaite, ses combats envoûtants et son scénario axu allures de grande fresque mythologique. A découvrir absolument.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur