HELMUT NEWTON, L'EFFRONTÉ
Petits coups de projecteurs sur les sujets de prédilection d’un photographe à part
Un documentaire qui s’intéresse au photographe Helmut Newton, son art, ses obsessions, sa mise en lumière de femmes libres et affranchies des codes sociaux…
Ce documentaire, découvert à Les Arcs Film Festival en décembre dernier, se concentre avant tout sur les sujets photographiés par Helmut Newton. Au travers d’interviews, d’extraits de séances photos, de clichés choisis, plus ou moins célèbres, ce sont ses obsessions qui s’exposent peu à peu, ne levant qu’un très léger coin du voile sur la personnalité à part de l’homme. Grace Jones, rappelée plusieurs fois « même si elle avait de trop petits seins », succède donc ainsi à Sigourney Weaver ou Charlotte Rampling, qui justifient les choix narratifs du documentaire en indiquant que « l’homme n’intéresse pas, c’est son art ». Une justification un peu facile, pour éviter de creuser un peu les origines des perversions d’un incontestable artiste dont « l’humour faisait passer bien des choses ».
Entre des portraits marquants de politiques (Thatcher, Gorbatchev, ou même Jean-Marie Le Pen avec son chien), et ceux de stars (Isabella Rossellini, Catherine Deneuve, Claudia Schiffer…), l’art subversif et précurseur de cet homme pourtant « accepté par l’industrie », n’est que peu explicité ou mis en perspective de son passé ou son existence. Sont cependant mises en evidence quelques influences, comme par exemple dans la représentation du pouvoir (Leni Riefenstahl). Pour le reste, on ne peut que s’interroger sur l’art de la provocation de ce personnage, suggérant la zoophilie (la fameuse photo avec un cygne…), obsédé par les infirmières (en écho à ses propres soucis de santé) ou par les poupées gonflables, qui contrairement aux mannequins « ne se plaignent jamais », dont l'art a pu aussi faire bouger les lignes dans la représentation de la femme, ceci dès les années 60.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur