HELLPHONE
Le diable téléphone en Motorola !
Lycéen dans Paris, Sid rêve d’un téléphone portable pour draguer Angie, la nouvelle du bahut qui fait craquer tous les garçons mais qui est déjà pendue au bras de Virgile, le playboy de l’école. Alors qu’il se dégote un sublime téléphone portable rouge, il se rend compte que celui-ci n’est pas comme les autres et qu’il est doté d’étranges pouvoirs… Sid a choisi Hellphone et Hellphone a choisi Sid ! Leurs destins sont dorénavant liés pour le meilleur et surtout pour le pire…
Il n’est pas loin le temps où ce qui faisait qu’on se la pétait dans les cours d’écoles, c’était la clope. Mais les mentalités changent et aujourd’hui si t’as pas le dernier téléphone portable t’es ringard et on te catalogue comme l’has been du bahut !
James Huth, réalisateur heureux de « Serial Lover » et « Brice de Nice », a compris l’importance sociale et identitaire de ce nouvel objet et surfe donc sur la vague mobile pour nous livrer une histoire adaptée dans un genre totalement sous-exploité par le cinéma français : le teen-movie, autrement dit le film d’adolescent, genre à part entière aux Etats-Unis qui renfloue les poches des producteurs avec des box-offices qui écrasent tout sur leur passage (cf. les succès de « Amercian Pie », « Souviens-toi l’été dernier », « Scary Movie » et autres love-story à la sauce musicale comme « Save the last dance »). En France les productions maisons à destination des boutonneux sont tellement timides que c’est tout juste si on se souvient de « Promenons-nous dans les bois » et des « Gaous ». Pourtant les jeunes sont bien l’un des premiers publics des salles obscures. En témoignent les chiffres du box-office 2006 (1er : Les Bronzés 3, 2e : Pirates des Caraïbes 2, 3e : L’âge de glace 2, 4e : Camping et 5e : Le Monde de Narnia).
James Huth aligne donc un casting forcément « jeunes talents » dominé par le très choriste Jean-Baptiste Maunier qui trouve ici son premier (!) rôle contemporain. Pour ce film d’ado, le réalisateur respecte les principaux codes du genre, ce qui pourra d’ailleurs en agacer certains. Mais comment faire autrement que de caricaturer les personnages pour leur attacher une personnalité bien à eux. On retrouve ainsi le gentil timide, le beau flambeur, le costaud sans cervelle, la première de la classe… Et les voilà tous embarqués dans une histoire sans queue ni tête où un téléphone portable amoureux de son propriétaire lui exauce tous ses vœux, les meilleurs comme les pires !
Malgré la mécanique prévisible du scénario, les scènes s’enchaînent dans un rythme échevelé sur fond de bande sonore explosive. De quoi faire grimper au rideau toute la génération des fans de films fantastiques US dont ce « Hellphone » constitue un profond hommage ! Les références fusent, allant des grosses machines américaines récentes (« Forrest Gump », « La Momie », « Star Wars », « Titanic », « Endiablée »…) aux films fantastiques des années 80 devenus aujourd’hui cultes pour plusieurs générations (« SOS Fantômes », « Retour vers le futur », « Gremlins »…). Le tout saupoudré de clins d’œil Huthiens à « Brice de Nice », à l'une de ses propres productions ("Dead end", inédit en France) ou encore aux « Choristes » ! Bref un film de cinéphiles qui n’a pas à rougir des films qu’il cite tout au long des 1 h 40 que dure « Hellphone ».
On s’amuse beaucoup et on rit énormément. Toutes les générations pourront se (re)trouver à travers ces nouveaux talents du cinéma français car même si sous avez passé l’âge des gamineries, vous replongerez idéalement dans ces années que, oui forcément, vous regrettez encore !
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur