HEAD ON
Maudites origines
Head On est une comédie fortement dramatique sur la nécessaire joie de vivre. Celle qui meut même les plus désespérés, celle qui donne un sens au quotidien. En choisissant de placer sa caméra au cœur d'un couple germanique d'origine turc, le réalisateur ne se lance pourtant pas dans une étude de mœurs de cette communauté. Et si la chose provoque quelques situations cocasses (la scène de présentation aux parents, avec un faux oncle, un faux métier et de vrais chocolats « sans alcool »), ça n'est que pour mieux s'en échapper.
Car le sujet relève plus ici de l'intégration et de la possibilité de vivre une vie moderne, à l'occidentale, pour cette jeune fille. Mais le film place aussi au centre de ses réflexions, la place de l'amour dans ce désir de liberté. En apparence, l'amour est bien loin de ces sorties en boîtes, de ces excès de stupéfiants ou d'alcool, ou de ces violents ébats sexuels que les personnages connaissent tour à tour. Si la liberté est vécue, le désir assouvit, l'insuffisance de ces actes se fait vite ressentir.
Alors, pour mieux comparer, le réalisateur nous emmène en Turquie, où la jeune fille tente de reproduire cette artificielle envie de liberté. Et elle le paiera cher. Cette jeune fille, c'est la radieuse Sibel Kekilli, au sourire et à la moue ravageurs. Elle est le soleil et l'espoir de ce film où les hommes sont bancals, estropiés. Elle est la croyance en quelque chose de grand, après les futilités, une jeune femme moderne, responsable, d'une force incroyable. Lui donnant la réplique, Birol Unel, ne peut que redresser la barre d'un personnage paumé, absent, qui a depuis longtemps abandonné sa dignité. Ce duo d'acteurs, provoquant, sauvage, qui nous mène du rire aux larmes, de l'agacement à la compassion, est tout simplement formidable.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur