HASTA LA VISTA
Sur la route du sexe
Après l’énorme succès d’ « Intouchables » en 2011, avec plus de 19 millions d’entrées, un nouveau film arrive sur nos écrans avec pour thème le handicap : « Hasta la Vista », la comédie du réalisateur belge Geoffrey Enthoven. Sitôt la comparaison faite, on peut se laisser porter par cette histoire qui n’a absolument rien à voir avec celle qui a conquis la France quelques mois plus tôt.
Lars, Philip et Jozef ont deux points communs : ils sont tous les trois handicapés et tous les trois vierges. Victime d’une maladie qui ne cesse de progresser, Lars est en fauteuil roulant, Jozef lui est aveugle et Philip, complètement paralysé. Pour échapper à l’autorité parentale le temps d’un instant, ces trois jeunes partent sillonner les routes de France accompagnés de Claude, leur conductrice, avec comme but l’Espagne et ce fameux club ouvert aux « gens comme eux ».
Pas évident de parler de handicap après le succès d’ « Intouchables », pas évident non plus de parler de sexualité dans ce cadre, chose encore tabou malgré les récentes polémiques au sujet de l’Assistance sexuelle. Comme un vent de fraîcheur, ce film vient évoquer les sujets du handicap et de la sexualité en profondeur malgré une légèreté apparente.
Mais traiter du handicap, c’est marcher en permanence sur un fil. Il faut savoir éviter les travers du voyeurisme, le cliché de l’apitoiement, bref la tâche est rude. La qualité principale de ce film, c’est la combinaison entre un gros travail sur les personnages et une interprétation remarquable des acteurs. Geoffrey Enthoven nous présente la personne handicapée comme humaine avant tout et donc parfois tout aussi détestable qu’une autre. Grâce au personnage de Philip, plutôt caractériel et souvent très intolérant, il déculpabilise le spectateur quant à ses sentiments ou ressentiments vis-à-vis de la personne handicapée. Alors que ces trois jeunes hommes partent à la conquête du corps féminin et d’un rêve brumeux aux formes chaloupées, leur chauffeur Claude n’est autre qu’une bonne femme masculine en fort sur-poids, qualifiée de « Mammouth » par Philip dès le début du voyage. Handicap physique, handicap de forme, handicap social ou handicapés de la vie, ici le réalisateur traite le handicap sous toutes ses formes et en plus, avec humour !
Malgré ce dynamisme permanent, certaines scènes alourdissent un peu le scénario et le film perd en justesse à certains moments. La fin est aussi à double tranchant, à la fois un peu trop prévisible et cependant relativement brutale. « Hasta la Vista », c’est finalement un peu comme la définition du bonheur, ce n’est pas la destination qui compte, c’est le chemin ! Hasta la Vista !
Anne-Claire JaulinEnvoyer un message au rédacteur