HARRISSON MONTGOMERY
Las Vegas Parano
Ce joli conte possède une plastique intéressante avec de sympathiques prises de vues et cadrages sur un univers ultra-réaliste. Le tout donne un aspect assez immersif et si la musique avait pu être un plus recherchée, nous aurions eu droit à une symbiose totale avec l’univers représenté ici.
Coté histoire, on assiste avec un plaisir non dissimulé aux tribulations d’un petit dealer du dimanche, qui vient de se faire larguer par sa copine et qui, en plus, est affublé d’un ami qui attire les ennuis. Les premières séquences rappellent la crudité des films Larry Clark, mais avec une pointe de burlesque qui fait toute la différence. Le héros tente de réparer ses erreurs à coup d’erreurs encore plus maladroites. Tour à tour, « Harrisson Montgormery » traverse les thèmes comme la quête de soi, la recherche de l’émancipation (c’est un artiste qui œuvre en cachette) et la place de la femme et de l’amour dans la vile société.
L’école des fans de notre regretté Jacques Martin aurait pu lui coller un 2 voire un 3, mais c’était sans compter le seul couac du film (et il est de taille) : la conclusion, qui est un agrégat de scènes façon délire à la « Las Vegas Parano », où l’on s’attend presque à ce qu’un nuage de souris chauves enflamment les pensées de notre cher Harrisson. Tout s’enchaine et déboule comme une avalanche et les dernières minutes font rentrer en jeu l’onirisme de façon inattendue et incongrue. A la sortie du film, je vérifié bien que mon mouchoir n’était pas imbibé d’éther. Mais non, c’est juste extravagant et inapproprié. Peut-être Dávila a t-il voulu donner une orientation poétique à sa conclusion, mais l’effet produit est plutôt bancal car absolument rien ne prépare le spectateur à ce revirement de ton. Dávila ne savait certainement pas comment terminer son film et fort est de constater que ça l’a beaucoup perturbé.
Jean-Philippe MartinEnvoyer un message au rédacteur