HANNA
Permis de tuer
La mission de la jeune fille va vite osciller entre voyage initiatique (et ses découvertes déconcertantes) et course poursuite face à un ex-agent de la CIA (Cate Blanchett), qui souhaite neutraliser le couple père-fille, et s’y applique avec un acharnement sans limite. Pour filmer au plus près cette violence, et l’ambivalence entre la mission de la jeune fille et sa découverte des autres, le réalisateur a choisi de mêler plans serrés sur le visage de Saoirse Ronan (« Lovely bones », « Reviens- moi », « Les chemins de la liberté »), son minois délicat et sa chevelure de princesse de conte de fée, et plans larges sur des scènes de combat, dévoilant sa puissance juvénile et très contrôlée, qui en est effrayante. Le tout sur un fond musical original des Chemical Brothers, qui accentue la tension que vit le personnage d’Hanna (BO qui rappelle quelque peu celle de « Danny the dog », créée par Massive Attack).
Toujours soucieux de placer ses personnages dans des décors atypiques et majestueux, Joe Wright a multiplié les ambiances, faisant passer la jeune tueuse des méandres d’une base secrète américaine au Maroc à un parc d’attraction fantôme en Allemagne, en passant par la Médina et les docks d’un port… Mais là commence à se sentir un trop plein de « souci du détail », qui décrédibilise le propos au profit de la beauté du décor…
Malgré tous les efforts que Joe Wright fournit, il faut tout de même reconnaître qu’il est plus habile à dévoiler les sentiments qu’à tourner des scènes d’action, celles-ci étant un peu trop chorégraphiées.
Côté casting, le couple que forment Eric Bana (ex-agent de la CIA et père aimant) et Saoirse Ronan (Boucle d’or tueuse) est plutôt crédible, mais le bât blesse quant à la caricature que représentent tous les agents de la CIA, Cate Blanchett y compris (dont le rôle est proche de celui qu’elle joue dans « the Good German ») : les agents allemands de la CIA sont des néonazis rasés en bombers et en boots, leur leader est un ancien agent, maintenant meneur de revue transsexuel, en jogging Adidas et à la chevelure décolorée…
Hanna est un premier essai peu concluant de la part du réalisateur anglais (« Orgueil et préjugés », « Reviens-moi », « Le Soliste »), que l’on préférera voir filmer la puissance des sentiments de ses personnages que leurs démonstrations de force.
Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur