Festival Que du feu 2024 encart

GUY

Un film de Alex Lutz

Caustique, touchant, délirant et mélancolique, une œuvre totale !

Gauthier apprend qu’il serait le fils de Guy Jamet, vedette de la chanson ayant connu la gloire avant l’arrivée du XXIe siècle. Pour se rapprocher de lui, le jeune homme va se lancer dans un portrait documentaire, l’amenant à le suivre au quotidien sur sa tournée…

Alors qu’il triomphe sur les planches et sur le petit écran, le premier essai cinématographique d’Alex Lutz, "Le Talent de mes amis", avait laissé un drôle de goût d’inachevé, l’étrange impression d’assister à un brouillon que le talentueux comédien n’aurait pas su transcender. À la lecture du pitch de son nouveau passage derrière la caméra, nous avions toutes les raisons de nous inquiéter. La vie d’un chanteur dont les années de gloire se conjuguent désormais au passé promettait, en effet, son lot de séquences caricaturales, l’épaisseur d’un sketch dont l’étirement annihilerait le potentiel comique. Il en sera tout autre, "Guy" est une œuvre puissante, drôle, mélancolique, poétique, sincère, bienveillante (et il ne s’agit que d’un simple condensé de tous les superlatifs applicables au film).

Façon « mockumentary », le métrage épouse le point de vue de la caméra d’un journaliste apprenant que Guy Jamet est son père. Pour se rapprocher de lui sans révéler son identité, le jeune homme va signer le portrait du chanteur durant une de ses tournées. Le résultat est un mélange saisissant de fausses archives, de séquences de concerts et de moments de vie distillés avec le parfait équilibre, celui qui prend aussi bien aux tripes qu’il titille les zygomatiques. Si cette œuvre enchanteresse est une telle réussite, cela est avant tout le fait d’Alex Lutz, l’acteur offrant une prestation époustouflante, réussissant à camper cette vedette d’antan sans aucune condescendance.

Au-delà de cette performance artistique, "Guy" séduit par la précision de son écriture, permettant de grandement dépasser le postulat comique pour évoquer la filiation, la transmission, le temps qui passe avec son lot de regrets et d’erreurs à assumer. Derrière le fard de la célébrité, le réalisateur dresse un subtil portrait d’homme, entrecoupé de chansons entêtantes (cet ersatz de Michel Sardou, Franck Adamo, Guy Marchand ou autre idole vieillissante avait indéniablement le sens de la mélodie). À l’arrivée, cette œuvre exaltante est une belle parenthèse inattendue, dont la légèreté de ton et la fluidité du récit contrastent subtilement avec la profondeur des questionnements et tout le travail derrière ce résultat. La Catherine de Canal+ a tout simplement signé l’une des meilleures comédies de l’année.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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