GUEULE D’ANGE
Marion Cotillard excelle en cagole pour ce drame vibrant
Un soir, Marlène rentre alcoolisée et se jette dans le lit de sa fille. Scène surprenante qui sonne comme terriblement banale pour cette mère à la dérive. Elle ne cesse de rappeler à son enfant à quel point elle ne peut pas foirer l’événement du lendemain. Car ce jour, elle va se marier, essayer de trouver un semblant de stabilité dans une vie depuis bien trop longtemps rythmée par des nuits sans fin et des journées dans le noir. Récit sur l’abandon et la nécessité d’être aimé, "Gueule d’ange" est une première œuvre colorée et puissante, où le kitsch des décors n’est que le reflet de la vision « strass et paillettes » des protagonistes.
Présenté dans le sélection Un Certain Regard du Festival de Cannes 2018, ce premier film séduit par le contraste entre l’explosion visuelle de kitsch et d’extravagance, et la pudeur avec laquelle la néo-cinéaste esquisse les sentiments de ses personnages. Alors que l’on pouvait s’attendre à l’histoire classique d’une parente déséquilibrée, le soudain départ de celle-ci transporte le métrage vers une autre dimension, vers une chronique plus posée mais pas moins poignante, où la jeune comédienne Ayline Aksoy-Etaix brille de mille feux. Dans sa quête de repères, où son comportement tend naturellement à imiter celui de sa génitrice, la gamine bouleverse par son désir primaire d’être considérée. Avec des seconds rôles intéressants (Alban Lenoir en particulier), un rythme soutenu malgré quelques errances, et une Marion Cotillard au sommet, "Gueule d’ange" s’impose comme un mélodrame touchant et percutant.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur