LE GUERRIER SILENCIEUX : VALHALLA RISING
Aux origines: la violence de la nature
Violent, son "Bronson", sorti l'été dernier, l'était déjà fortement. Mais avec "Le guerrier silencieux", le danois Nicolas Winding Refn nous offre une ouverture en beauté. Contrastant avec les paysages nus et calmes, les scènes de combats à mains nues, entre un prisonnier Vicking et d'autres hommes issus de divers clans chrétiens, font office d'introduction à une boucherie annoncée. Borgne, le corps puissant couvert d'inquiétantes cicatrices, Mads Mikkelsen impressionne d'emblée par sa stature, son silence effronté, et ses gestes méticuleux et brutaux. Il représente le sauvage dans tous les sens du terme, voué à retourner à la nature ou à changer l'humanité.
Passé le long générique de début, au long d'une errance embrumée dans les paysages austères et gris d'Écosse, le parcours du héros sera l'objet d'un récit linéaire, mais dont l'austérité ne sera jamais remise en question par une quelconque facilité scénaristique. Refn nous convie donc à un voyage difficile d'accès, où les échanges humains se limitent souvent à quelques scènes de décapitation ou d'éviscération. Son film adopte un rythme volontairement lent et revêt un troublant aspect contemplatif, de par l'utilisation de la lumière et des nombreux contre-jour, masquant une humanité en pleine naissance.
La partie la plus réussie est au final le départ des côtes du Nord, et la traversée en bateau, vers un Jérusalem bien lointain. Ce non-récit flirte alors étrangement avec des summum de suspense, ceci dans un brouillard épais et pénétrant. Mais, sans quasiment aucun dialogue, doté en plus d'une certaine approche mystique, bien difficile à décoder, "Le guerrier silencieux: Valhalla rising" reste tout de même bien trop expérimental pour espérer toucher un large public.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur