GRITT
Une prise de conscience tardive
Gritt discute avec une amie metteuse en scène à succès, atteinte du syndrome de Dawn. Chacune tente d’expliquer son nouveau projet. Mais Gritt s’enlise dans ses explications, et n’a pas le même parcours que sa consœur…
"Gritt" est l'adaptation d'un court métrage de 30 minutes, datant de 2017, intitulé "Retract" ("Retrett"), et ayant pour personnage principal la même Gritt, artiste autodidacte, tentant désespérément de se faire une place dans le milieu artistique à Oslo. Reprenant également la même actrice centrale, Birgitte Larsen (certainement le principal atout du film), développe donc cette fois sur près de deux heures les élans de motivation, les claques reçues, les découragements, d'une femme désireuse de monter un happening ou une pièce de théâtre intitulée "The White Inflamation", mais qui a à la fois bien du mal à en expliciter le concept, et à structurer ses propres idées.
Malgré une actrice principale incarnant parfaitement l'inadaptation de son personnage, ses accélérations passionnées mais dénuées de diplomatie, l'attachement que Gritt pouvait provoquer au départ, grâce à ses maladresses ou son décalage, au sein de quelques moments jouant avec les égos des personnes rencontrées, s'estompe peu à peu. On citera ici pour exemple la scène d'ouverture où sa collègue metteuse en scène se rêvait désirée, au centre de sa propre création, ou encore celle où elle aide un homme à terminer une pièce, jouée en plein air. Car ce qui pouvait se diriger vers une satire du milieu culturel, à la manière d'un "The Square" du voisin suédois Ruben Östlund, s'enlise finalement, car l'objet d'un débat apparu en cours de récit sur le fait de « ne pas être trop égocentrique en création », se retourne contre le personnage lui-même, finalement plus égo-centré que tous les autres. Et ce n’est malheureusement pas la conclusion, semi prise de conscience bien tardive, qui rachètera les longueurs de l’ensemble.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur