GRÈVE OU CRÈVE
Apprendre à se battre
Un homme ramasse des fumigènes, des grenades et des clous, et les met dans une caisse qu’il range soigneusement sur une étagère. Dans une ville la nuit, des centaines de points lumineux avancent dans l’obscurité. Ce sont les lampes frontales de mineurs, prêts à en découdre…
Ce documentaire, reparti du Champs Élysées Film Festival 2020 avec le prix du meilleur film français, est construit, tel une prise de conscience, sur fond de grève des mineurs, dans une alternance entre deux personnages, découvrant chacun à leur manière la manière de lutter. L’un est un jeune homme d’origine maghrébine, désireux d’être à un jour à son compte et s’initiant à la boxe. L'autre est un homme âgé, blessé à la main, qu’une femme tente de convaincre de dénoncer son patron pour fausse déclaration à la sécu. Tous deux sont dans une situation d’échec annoncé, l’un du fait de ses origines, l’autre pour sa gentillesse, qui l’a poussée à accepter de signer une déclaration qu’il n’avait pas lui-même rédigée.
Usant de la parabole d’une fumée qui se répand progressivement dans divers décors (bâtiments, rues, et même des lieux synonymes de joie : fête foraine, piscine, salle des fêtes...) pour signifier la progression de la révolte ou de sa nécessité, le metteur en scène donne à voir celle-ci au travers d’images d’archives. Manifestations de mineurs, affrontements avec les autorités, souvenirs explicités par un ancien révolté ou par un guide, plongée dans le musée des mineurs, entraînement à la salle de sport, coaching, l’effort et la lutte sont mis en avant de manière troublante, parfois accompagnés d’une forte respiration marquant l’implication même du témoin, la caméra (et donc le spectateur). Une incitation claire à réfléchir à ses droits et comment les faire respecter.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur