GREEN BOYS
Un parcours de migrant s’achevant dans une France bienveillante
Alhassane, 17 ans, immigré guinéen, est logé dans une famille dans un petit village de Normandie. Avec son ami Louka, 13 ans, ils parcourent la campagne, parlant de son parcours, de ses envies, de l’accueil en France. Ensemble, ils construisent une cabane, sur les hauteurs, non loin de falaises…
"Green Boys" est un documentaire bouleversant autour d’une figure d’immigré. Suivant Alhassane, 17 ans, alors qu’il joue au foot, grimpe aux arbres, construit une cabane traditionnelle, le film se concentre vite sur les petites choses qui font l’amitié naissante avec Louka, 13 ans, curieux et posé, et un quotidien d’adolescent resté grand enfant, au contact inné avec la nature, aux besoins simples, pourtant conscient des difficultés passées et s’étonnant des réactions des autres, mais ne perdant jamais son objectif de vue.
Œuvrant à la manière d’une thérapie, le film permet l’intimité puis l’expression par la parole, de ce jeune homme qui a vécu bien plus que son ami. Racontant d’abord la douceur d’un pain au chocolat, première chose mangée, et la gentillesse de ceux qui l’ont hébergé, il livre peu à peu, la difficulté à manger, la traversée de la Lybie et de l’Italie, et le terrible face à face avec la Loi. Si de beaux parallèles sont faits avec certaines étapes du périple (la demeure en bord de mer en Lybie et la course sur les hauteurs des falaises…), ce sont surtout les rencontres avec des personnes bienveillantes (un promeneur et un pêcheur curieux, une femme partageuse…).
C’est ainsi une vision positive d’une France accueillante qui est pour une fois livrée, ne cachant pas les lourdeurs et suspicions administratives, mais préférant se concentrer sur l’humain et l’espoir. Ponctué par deux versions de la sublime chanson "Nature Boy" (qu’on pouvait entendre en ouverture et clôture du "Moulin Rouge" de Baz Luhrmann), c’est avant tout, au-delà de ses croyances et ses peurs mêlant religion et superstition, la simplicité d’un grand enfant qui cherche une vie meilleure, qui est ici mise en évidence. De quoi contribuer à changer le regard sur les migrants.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur