GOTHIKA
Kasso nous fait peur
Ce premier film américain du jeune réalisateur français se fait sous l'égide d'un des derniers moguls hollywoodiens, Joël Silver, accompagné de la star féminine du moment, Halle Berry. Coincé entre les exigences techniques et celles relevant des poncifs scénaristiques locaux, puis soumis à la pression des exécutifs et des stars, Mathieu kassowitz s'est donc lancé dans un très audacieux pari.
Mais il a parfaitement abordé le sujet, en mettant en image un scénario de genre, dont il est le simple exécutant (comme sur les rivières pourpres). Un scénario certes convenu, avec ses fantômes revenant pour punir les méchants, mais qui réserve quelques surprises et aussi malheureusement quelques raccourcis. Il lui a donc fallu compenser ces défauts en signant une réalisation angoissante et répondant parfaitement aux stratagèmes du genre. Ce que le jeune français réussit parfaitement, réexploitant ici et là les mouvements de caméra présents dans la Haine.
De plus il maîtrise parfaitement son décors et utilise les possibilités de celui-ci, pour renforcer l'aliénation du personnage principal. L'hôpital psychiatrique devient ainsi un personnage à part entière, avec ses couloirs tentaculaires et les multiples recoins qu'ils cachent en leur sein. C'est d'ailleurs grâce à la connaissance de celui-ci que la jeune psychiatre va trouvera le moyen de s'échapper pour découvrir ce qui l'affecte. Car jamais le scénario ne lève totalement le voile sur les motivations des personnages et sur leurs actes. Ceci, y compris pour l'héroïne. Et c'est d'ailleurs un des nombreux points positifs de ce film, où en compagnie de Halle Berry, le spectateur plonge dans l'inconnu, ballotté entre ce qui n'est pas complètement de la folie ou la véracité des propos du personnage.
Petit à petit Mathieu Kassovitz embarque le spectateur dans le dédale de sa folie et des apparitions mystérieuses auxquelles elle fait face. D'ailleurs plus le spectateur pénètre dans le film, plus celui-ci s'éloigne du fantastique, retombant vers le thriller pur et simple. On est donc promené d'un genre à l'autre, et cela jusqu'à la terrible découverte finale, passage obligé de ce genre de film. Il est par contre dommage de voir que la fin ouverte du film rappelle aux bons souvenirs du spectateur, un des films les plus connus sur les revenants et leurs connections avec le réel. Une inspiration trop ouverte de la part des scénaristes qui se laissent même aller à entrouvrir la porte pour une possible suite aux aventures de la jeune psychiatre.
En fin de compte un petit film de genre, qui sans révolutionner les codes de celui-ci, embarque facilement le spectateur pour le faire frissonner. Un bon moment donc, et une excellente carte de visite pour le réalisateur, en pleine préparation de son prochain film Babylon Babies.
Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur