GOODNIGHT MOMMY
Un huis clos dont le principe finit par se retourner contre lui-même
Deux frères jumeaux jouent dans le jardin d’une villa et dans la forêt alentour. Leur mère, revenue de ce qui semble être une opération, la tête couverte de bandages, leur demande de garder les volets fermés, de ne faire rentrer aucun animal, et par dessus tout, de la déranger le moins possible, car elle a besoin de se reposer. Mais peu à peu le doute s’installe dans l’esprit des jumeaux : et si cette femme n’était pas vraiment leur mère ?…
Après une installation plutôt réussie, donnant à voir les alentours de la maison (champ de maïs oppressant, tunnel obscur visité avec curiosité...), le duo réalisateur-réalistrice (elle, a travaillé comme assistant d'Ulrich Seidl) de ce film autrichien nous plongent dans le décors inquiétant d'une maison moderne. En plus des poupées pâles et filiformes posées ça et là, au mur du salon est suspendu une photographie d'une silhouette floue, comme pour poser à nouveau la question cruciale du film : qui est donc cette femme qui se cache sous des bandages ? Une question doublement posée dès les premières scènes, alors que les enfants jouent à un dérivé du jeu « Qui est-ce ? », et qu'un des joueurs fait deviner qu'il s'agit de la mère...
Installant ainsi intelligemment le doute dans l'esprit du spectateur, le scénario accumule ensuite les agissements étranges de la part de celle-ci, faisant semblant de dormir, remettant ses bandelettes en vitesse lorsque ses fils approchent... Elle devient bien plus inquiétante que les gamins, malgré leur collection de cafards ou leur « caverne à chats », et suscite alors naturellement la défiance de ces derniers. Jouant sur l'absence de repère temporel, « Goodnight mommy » lance quelques fausses pistes avant de faire place à une forme de violence sadique chez les enfants, potentiellement tournée contre cette possible inconnue.
Laissant poindre l'espoir d'un dénouement de qualité, le film déçoit cruellement vers la fin, son propre principe constructif se retournant contre lui. Après quelques scènes réellement angoissante, les réalisateurs choisissant pour certaines un hors champs plutôt bienvenu, il suffit de quelques minutes, une forme d'absence d'idée de mise en scène du secret qui sous-tend finalement l'intrigue, dévoilé à la va vite, pour tout gâcher. D'autant que l'explication, ultra-rabachée ces dernières années, n'explique en rien les scènes introductives. Dommage.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur