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THE GOOD GERMAN

Un film de Steven Soderbergh

Du noir et blanc en demin teinte

Un gradé américain ayant vécu à Berlin avant la guerre, revient dans sa ville pour accompagner le processus de paix. Il est alors pris en charge par un jeune chauffeur assez louche, qui lui vole son porte feuille, pour mieux s'offrir la belle vie, et notamment les charmes d'une plantureuse allemande qui voudrait bien passer à l'Ouest...

Steven Soderberg, auteur alternant grosses productions hollywoodiennes ('Ocean's eleven', 'twelve' et bientôt 'Thirteen') et expérimentales ('Bubble') nous revient, avec un projet bénéficiant d'un casting correspondant à la première catégorie, mais entrant véritablement dans la seconde. On y retrouve son acteur fétiche, George Clooney, auquel le classissisme du costume militaire sied très bien, comme la droiture du militaire. Face, à lui et à Tobey Maguire en chauffeur sombre à souhait et prêt à tout pour se faire une place au soleil, même au dépend des autres, Cate Blanchett joue la femme fatale à la fois chétive et venimeuse, virevoltant dans un double voire triple jeux.

Traité à la manière d'un film de l'après guerre, dans un magnifique noir et blanc, 'The good german', malgré une ambiance visuelle très réussie, provoque étrangement un certain ennui. Peut être parce qu'on y décèle trop peu d'enjeux, hormis la volonté de fuir l'Allemagne vaincue, de cette femme prétenduement mauvaise. Car étrangement, ses méfaits ne sont pas développés, ni ceux de son mari, dont on doute rapidement de l'existence, l'auteur préférant mettre en premier plan une romance qui n'en est pas vraiment une.

Ainsi, Soderberg, qui semblait vouloir traiter des arrangements avec la guerre et des avantages que certains en tirent, se fourvoit en refusant de juger quiconque. Et si dans un premier temps, avec les agissements troubles du personnage de Tobey Maguire, un malaise semblait s'installer, après la disparition de celui-ci, il est vite dissipé. Car le tout devient trop complexe, entre intérêts russes, américains et allemands, pour maintenir le poids des compromissions sur une histoire qui accumule les références ('Casblanca' notamment) plutôt que de donner à ressentir. Dommage.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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