GOLIATH
Un pamphlet trop maniéré
Un avocat se voit confier une affaire, celle de défendre la conjointe d’une jeune femme décédée suite à l’utilisation d’un pesticide. Il ignorait alors que cette histoire allait le plonger dans une spirale où les conséquences économiques et politiques dépassent largement le cadre de ce premier procès…
Tout est dans le titre : "Goliath". Alors que la caméra de Frédéric Tellier se focalise la majeure partie du temps sur les David, ces petites gens prêts à tout pour ne pas laisser triompher les firmes pharmaceutiques et leurs pseudo arguments scientifiques, c’est l’autre camp qui a les honneurs sur l’affiche. Et cela se ressent grandement dans le traitement, le Mal, incarné par un excellent Pierre Niney sous les traits d’un lobbyiste sans état d’âme, donnant lieu aux meilleures séquences, lorsque les différentes saynètes dédiées aux militants et combattants de l’ombre nous laissent malheureusement trop indifférents.
Pourtant, dans ce thriller aux multiples ramifications politiques où plane l’ombre de grands cinéastes américains, Alan J. Pakula en tête, il ne manque pas de matière scénaristique pour exalter le propos. À travers les portraits d’un avocat, des membres d’un cabinet de consulting, d’une professeure de sport le jour (et ouvrière la nuit) et de son mari agriculteur rongé par le cancer, c’est à toute une corporation que souhaite rendre hommage le réalisateur, celle des métiers de la terre, où l’on ne compte pas ses heures et où l’on meurt dans l’indifférence générale, où la course au profit a rendu les rendements impossibles à tenir, banalisant le recours à de multiples pesticides, peu importe les dangers pour la santé.
Si ce drame tient en haleine, son mécanisme trop prévisible altère grandement l’émoi potentiel, le formalisme ayant tendance à se transformer en leçon esthétique dans des moments clés, invitant le regard à se poser sur un beau coucher de soleil plutôt que sur la détresse des protagonistes. De ce film mosaïque dont « toute coïncidence avec la réalité n’est pas fortuite », on retient alors l’acharnement de certains pour s’opposer au cynisme et à l’hypocrisie des élites. Trop long, trop académique, le métrage n’a pas la classe d’un "Dark Waters", probablement pas la fougue de ses modèles, mais il réussit à indigner, à révolter le spectateur face à cette collusion ordinaire entre le politique et l’économique, équation dans laquelle les citoyens ont depuis bien longtemps perdu leur place. Et derrière les clichés inutiles (oui, on peut être lobbyiste et être un beau-père aimant), il porte bien ici un message nécessaire. « C’est déjà ça » diront certains.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
COMMENTAIRES
mardi 26 avril - 8h40
Un film malheureusement trop vrai....
Très bon...