GOLDEN GLOVE
Un défilé de gueules de cinéma autour d’un serial-killer écoeurant
A Hambourg, dans les années 70, Fritz Honka, jeune homme à la gueule cassée, s’exprimant maladroitement et porté sur l’alcool, fréquente un bar miteux dénommé le « Gant d’or » (« Golden Glove »). Abordant des femmes seules, il les emmène chez lui, et ne parvenant pas à les baiser, leur massacre la gueule…
Adapté du roman de Heinz Strunk, le nouveau film de Fatih Akin ("De l’autre côté", "Soul Kitchen", "In the fade") relate un fait divers du début des années 70, très connu outre Rhin : l'affaire du serial-killer Fritz Honka. Le film, reparti bredouille de la Berlinale en février dernier, a aussi provoqué quelques sueurs froides du côté du Festival du film policier de Beaune et des Hallucination collectives, dont il faisait la clôture.
En tête d'affiche, Jonas Dassler, postiches nasale et dentaire, est méconnaissable. Il interprète avec brio un homme d'une laideur qui fera dire à l'une des clientes de son bar fétiche, The golden glove (qui donne son titre au film), qu'elle « ne pisserait même pas de dessus s'il était en feu ». Une véritable performance, qui provoque en permanence des hauts le cœur, Akin filmant au plus proche, sa transpiration, son regard de fou ou sa bouche répugnante, alors qu’il maintient initialement hors champs les gestes les plus violents.
De la galerie de clients qui fréquentent le bar, Akin fait une galerie de monstres de foires, tous plus pathétiques et inquiétants les uns que les autres. La présentation de leurs petits surnoms est d’ailleurs un moment empreint à la fois de légèreté et de frissons. Côtoyant malgré eux celui qu'on sait dès le début êtr un meurtrier (lors de la première scène, il tente de mettre maladroitement une vieille dame dans un sac plastique...), ils sont le cœur de cette tragi-comédie sur la misère humaine et sexuelle.
Ne reculant devant aucun craquement d'os ou comportement odieux, Fatih Akin joue d'un hors champs qui rajoute à l'effroi et fait de cette histoire macabre une réussite autant formelle que réflexive. Ceci d’autant plus lorsque des jeunes viennent entrer en interaction avec sa routine, dans une dernière partie qui met en évidence le décalage entre le monde de Fritz et le Hambourg extérieur.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur