GOLD
Une ennuyeuse ruée vers l'or, mais avec Nina Hoss
En 1898, sur la côte Est du Canada, deux ans après la découverte d’un filon d’or dans les contrées du Nord. Divers colons germaniques ont répondu à une annonce leur laissant espérer l’existence d’une route qui leur éviterait de prendre la mer. Conscient de la dangerosité du parcours, leur convoi s’engage dans cette expédition, sans que ses membres ne se connaissent réellement…
Après le « Meak’s cutoff » (« La Dernière piste ») de Kelly Richard, film exigeant et âpre, voici que le film allemand « Gold » s’attaque lui aussi à la ruée vers l’or et aux dangers d’une expédition vers l’inconnu... avec des inconnus. Tourné partiellement en langue anglaise, ce nouveau film est loin de dégager la même tension, « La Dernière piste » ayant choisi sobriété et minimalisme pour mieux mettre en avant le rôle des femmes (dont Michelle Williams, impeccable) au sein d’un monde d’hommes.
Dans « Gold », chaque protagoniste a bien entendu sa raison d'être là, mais l’absence de tension et de sensation de danger, alliée à la faiblesse des personnages (réduits bien souvent à leur seule caractéristique commune, l'appât du gain), font de ce road-movie un bien long périple. Dès le début du métrage, si nous apprenons que l’un des personnages est recherché par deux hommes, le scénario s’obstine à ne pas exploiter cette piste, ceci jusque dans les toutes dernières minutes du film, amenuisant encore la dynamique du film.
Ce n’est donc pas la traque qui intéresse le réalisateur, mais plutôt la volonté de poursuivre un rêve malgré les obstacles. Et ils sont ici nombreux, du piège à ours, à la rivière à franchir, en passant par des Indiens raquetteurs, ou une route qui devient de plus en plus inexistante. Mais peu à peu, le film s’enlise péniblement dans les problèmes quotidiens du groupe et leur progressif égarement en terre inconnue. Les difficultés et mauvaises rencontres arrivent trop tard et sont amenées avec une certaine maladresse (voir la longue scène d’amputation à la scie...), alors que le spectateur s’est déjà éloigné de ces gens, se désintéressant de leur destin d’hommes et de femmes. Reste la performance de Nina Hoss (« Yella », « Barbara ») en femme déterminée et méfiante, comme toujours impeccable.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur