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GOGO

Un film de Pascal Plisson

Il n’est jamais trop tard

Priscilha Sitienei, que tout le monde surnomme « Gogo », est une Kényane de 94 ans. Illettrée et indignée de constater qu’il y a encore dans son pays des filles qui ne vont pas à l’école, elle décide de s’inscrire dans une école primaire…

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Il y a de quoi être immédiatement touché par la personnalité de cette femme de 94 ans. Le texte d’introduction, qui explique sa vie dans les grandes lignes, nous prépare évidemment à la rendre admirable et bouleversante : veuve depuis longtemps, arrière-grand-mère de pas moins de 54 enfants, elle devient la plus vieille écolière du monde. Avec son mélange d’humilité et de fort caractère, elle est manifestement une héroïne inspirante pour les personnes qu’elle côtoie et elle devrait l’être aussi pour celles et ceux qui feront sa connaissance grâce à ce documentaire.

Incarnant un féminisme pragmatique plutôt qu’idéologique, elle relève un défi personnel tout en défendant ardemment la nécessité pour les filles de continuer l’école y compris si elles deviennent mères très jeunes. Mais en devenant une vraie mascotte, Gogo rayonne bien au-delà de cet enjeu d’égalité – on sent aussi le respect, l’écoute et l'inspiration de la part des hommes, dont le directeur de l’école. Elle semble évidemment influencer les plus jeunes, parmi lesquels figure une de ses arrière-petites-filles, qui l’admire autant qu’elle l’aide à réviser ses leçons.

Si le film a parfois un petit côté carte postale, avec une musique qui surligne un peu trop les émotions, "Gogo" n’en est pas moins un documentaire exemplaire pour son humanisme. Pascal Plisson, déjà habitué à filmer les écoliers et écolières (on lui doit notamment "Sur le chemin de l’école" qui lui a valu un César et un Prix Henri-Langlois en 2014), parvient à faire de Gogo une élève presque comme les autres, exploitant cette capacité d’émerveillement, de malice et de candeur que les vieilles personnes et les enfants ont parfois en commun. Traitée quasiment comme une enfant par l’enseignante, Gogo est ainsi encouragée ou menacée de punition de la même manière que ses camarades de classe, et aucun traitement de faveur ne lui est accordé lors de l’examen, durant lequel elle essaie en vain de demander de l’aide.

Seules les séquences hors classe la ramènent réellement à son statut d’adulte, par exemple quand elle inspecte le chantier du nouveau dortoir (qui est ensuite nommé en son honneur lors de l’émouvante scène d’inauguration), quand elle passe son temps libre avec une autre vieille femme (Dinah, elle aussi bouleversante), quand elle discute avec les femmes d’un village masaï lors d’un voyage de classe, ou quand elle assume sa fonction de sage-femme lorsqu’elle est de retour dans son village. Au final, "Gogo", dont la production a été soutenue par l’Unicef et Handicap International, est un vibrant plaidoyer en faveur d’une éducation pour toutes et tous.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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