GHOST THERAPY
Package existentialiste
Photographe solitaire qui mène une vie artistique mondaine à Los Angeles, Clay est un jour poussé par sa femme Whitney à chercher l’inspiration à l’extérieur de sa maison au lieu de laisser la paresse assécher son potentiel créatif. Mais alors qu’il prend des photos dans un terrain vague, le fantôme de son ami d’enfance Whit apparaît devant lui et l’accompagne ensuite dans ses déplacements…
Les premiers échos sur un film ont beau avoir trop souvent quelque chose de simpliste ou de trompeur, ils peuvent aussi parfois éclairer sur la perception qu’il peut donner ou suggérer de lui-même. Et à ce titre-là, le piège dans lequel tout un chacun ne cesse de tomber est clairement celui de l’analogie. Vous savez, ce prisme idéal par lequel un objet cinématographique a priori indéfinissable ou inqualifiable peut soudain trouver grâce aux yeux d’une poignée de cinéphiles au cerveau blindé de références. Pour le coup, "Ghost Therapy" n’échappe pas à la règle, condensant plein de noms propres dans son dossier de presse sans que cela n’éclaire réellement sur le fond de la chose. En vrac : il y aurait donc là du Coen, du Spike Jonze, du Quentin Dupieux, du Terry Zwigoff (le titre français fait presque figure de clin d’œil inavoué à "Ghost World") et du Kevin Smith comme résurgences filmiques, à quoi viendraient s’ajouter du NOFX et du Beck sur le versant musical ainsi que tout un tas de personnalités issues de la BD. En somme, ce premier film de l’acteur-réalisateur Clay Tatum (également coscénariste de la chose avec sa co-vedette Whitmer Thomas) serait la somme de tout cela. Après avoir vu la bête, en effet, on ne va pas le nier. Mais on s’autorise à faire (un peu) la grimace.
Certes, le scénario est plutôt malin dans le sens où il ne cherche jamais à signifier clairement sa bifurcation du réalisme vers l’étrange, hybridant davantage les genres sans effets spéciaux ni effets de style, presque à l’image de ce qu’au moins trois des cinéastes cités plus haut sont capables de faire. Le simple fait de filmer la cohabitation d’un solitaire qui agit et d’un fantôme qui observe a en outre le bon point de casser la logique douce-amère d’un premier quart d’heure assez soporifique. Peinture cocasse de deux losers – dont un assez égoïste – sur fond d’angoisse existentielle ? Oui, si l’on veut. Mais la mise en pratique ne convainc ici qu’à moitié, la faute à une mise en scène assez anonyme, à une photo assez informe et à un rythme assez monotone. Difficile aussi d’y trouver la singularité narrative et plastique d’un "Bellflower", autre titre prestigieux de cette branche de cinoche US indé-fauché qui sait compenser le manque de maille par un surplus de débrouille. Même pour un film traçant une réflexion protéiforme sur l’amitié, la solitude et la marginalité, rien de spécialement novateur ne se dégage des échanges entre les deux protagonistes. Seule la dernière scène réussit à illuminer quelque peu l’ensemble par la mélancolie qui s’en dégage, mais c’est un peu tard. Bilan passable, donc.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur