Festival Que du feu 2024 encart

GENÈSE

Un film de Philippe Lesage

Gêne/Aise

Trois histoires autour de la naissance des premiers amours : Guillaume se découvre une attirance pour son meilleur ami, sa demi-sœur Charlotte délaisse son petit ami pour s’essayer à des aventures amoureuses plus libres, et le jeune Félix connaît son premier émoi amoureux dans un camp de vacances…

Genèse film image

Le piège dans ce genre de film choral mettant en scène des amours adolescentes est toujours le même : prendre le risque de s’éparpiller jusqu’à ne plus avoir de sujet à traiter. Dans le cas de "Genèse", tout le problème se concentre aussi bien sur son titre (une pure généralité qui passe pour un « sujet ») que sur sa narration (extrêmement maladroite). Pour faire simple, deux histoires sont ici tissées en parallèle sur le thème des amours de jeunesse, avec, en guise de lien direct, un lien de parenté entre les deux protagonistes qui sera expédié au début du film en une courte scène sans intérêt. Cela implique donc deux choses : d’une part que le montage parallèle installe des points de concordance ou de discordance entre les deux intrigues, d’autre part que leurs déroulés respectifs finissent par toucher à quelque chose d’universel. Or, le film de Philippe Lesage est de ces films faussement profonds qui s’égarent à force de n’en faire qu’à leur tête.

Les deux intrigues du film ont beau élaborer des points précis de l’initiation au sentiment amoureux (l’homosexualité d’un côté, les amours libres de l’autre), le film ne dit rien, n’évoque rien et ne stimule rien. Seul le désir de laisser parler le nom d’un sujet comme s’il se suffisait à lui-même s’installe ici, finissant de ce fait par détruire l’impact de ce même sujet : on insiste sur le fait qu’il ne suffit pas d’appeler son film "Genèse" et de dérouler des histoires satellites sur la question sans les harmoniser pour aboutir à un film profond. Preuve de cet échec scénaristique, Lesage va même jusqu’à abandonner ses deux intrigues parallèles sans raison valable au bout de deux heures de film (!) pour finir sur un dernier quart d’heure totalement déconnecté des précédents enjeux, où un jeune garçon découvre l’amour au beau milieu d’un camp de vacances. Si le film échappe de justesse au bonnet d’âne, c’est grâce au charisme de ses jeunes acteurs (surtout Noée Abita, la révélation d’"Ava") et à la présence du magnifique Outside du groupe Tops en tant que leitmotiv musical diaboliquement envoûtant. Cela ne sauve pas le film, loin s’en faut, mais ça nous aide au moins à tenir devant quelque chose qui épouse un minimum la logique sensorielle des plans, à défaut de construire un propos.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire