GAZA, MON AMOUR
Espoir et romantisme à la sauce palestinienne
Un vieux pêcheur croise régulièrement une femme, qui tient un stand, comme lui, au marché. Sous le charme, il n’ose pas réellement l’aborder. Mais le jour où il sort de l’eau une statue qu’il ramène discrètement chez lui, les choses pourraient bien changer…
Remarqué dans la section Orizzonti du Festival de Venise en 2020, Gaza mon amour est le nouveau long métrage des frères Hassan, déjà réalisateurs de "Dégradé", sorti en 2016. Comédie romantique palestinienne située dans le contexte difficile de la bande de Gaza, le film fait le tendre portrait d’Issa, pêcheur de soixante ans, bien décidé à trouver une compagne. Croquant avec humour sa maladresse et les petits détails qui l’éloignent en apparence d’une femme qu’il croise tous les jours, puisqu’elle est couturiere et tient une échoppe de vêtements et de tissus au marché. Un prêt de parapluie à un arrêt de bus est ainsi un moment de gêne abyssal, alors que le dépôt d’un pantalon pour des retouches devient le vecteur d’un espoir de contact.
Flanqué d’une sœur envahissante qui essaye de le marier (le défilé des prétendantes est savoureux…), l’homme semble avoir peu de place pour sa propre initiative, tandis que la femme, interprétée avec distance et dignité par la formidable Hiam Abbass, joue les indifférentes. Le film use d’ailleurs d’une symbolique claire quant à sa situation, alors qu’il casse par mégarde le pénis en érection de la statue d’Apollon qu’il a repêchée. Mais la statue ne revêtira au final malheureusement qu’un rôle anecdotique.
Alors que l’humour provient de petits détails, le film use avec ironie d’autres symboles pour parler de l’enfermement géographique, comme avec la fête célébrée autour d’un missile. Séduisant par un ton malgré tout optimiste, "Gaza, mon amour" n’en dénonce pas moins au passage la corruption des autorités, le poids de la famille, tout comme le contrôle social. Quant à la conclusion, elle est à l’image de l’ensemble : à la fois positive et amère, tout en étant teintée de politique, rappelant que la liberté d’aimer est ici non seulement contrainte par l’âge, mais aussi par des limites géographiques.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur