GANGSTER SQUAD
CONTRE : Niveau -1 - Clichés, frime et toc
Réalisateur de comédies sympathiques mais oubliables, Ruben Fleischer avance avec son « Gangster Squad » en terrain connu (le film noir vintage), avec la promesse de nous offrir un digne héritier de « L.A. Confidential » ou des « Incorruptibles ». Las, la comparaison ne tient pas plus d’un quart d’heure, le temps nécessaire au cinéaste pour alourdir sa photographie d’un filtre sépia surlignant ses velléités « old school », première faute de goût d’une longue lignée d’erreurs impardonnables.
Des décors de pacotille lourdement référentiels (« Chinatown » et « Scarface » sont cités à la truelle) en passant par une bande-son inadaptée ou des ralentis « à la John Woo » curieusement datés, le cinéaste ne cesse de se caricaturer, flirtant allègrement avec la parodie, jusque dans un humour potache de mauvais aloi. Quand il ne se fourvoie pas, il s’adonne à une hyper violence gratuite et sans fondement, surlignant la cruauté de Mickey Cohen. Par opposition, le personnage joué par Gosling se découvre soudainement une morale lorsqu’un cireur de chaussures qu’il a connu 10 minutes meurt dans ses bras. Un manichéisme bon teint que ne rattrape pas le reste du film, à commencer par ses acteurs.
La distribution conjugue ainsi erreurs de casting manifestes et interprétations ratées, déception à la hauteur d’un cast qui constituait l’attrait le plus aguichant du métrage. Emma Stone fleure bon le miscast, jamais crédible dans un rôle de femme pas très fatale, ressemblant plus à une ado qui aurait piqué la robe de bal de sa mère. Ryan Gosling confirme les craintes entrevues dans tous ses rôles depuis « Drive » : dès qu’il ouvre la bouche, sa voix fluette d’enfant de 8 ans le décrédibilise instantanément. La palme revient à Sean Penn, dont le faux nez pathétique ne parvient pas à masquer un cabotinage horripilant. Seuls Josh Brolin et Nick Nolte, solides et charismatiques, tiennent la distance.
Au-delà du ratage esthétique, « Gangster Squad » est un désert narratif, à la mécanique désuète, aux rebondissements téléphonés, où tout est prévisible et par conséquent ennuyeux. Au final, le film ne peut s’adresser qu’à un public ignorant presque 80 ans de film noir. Pour qui a un peu de mémoire, le film de Fleischer est un long pensum recyclant des figures vues (en mieux) ailleurs. La seule véritable (mauvaise) surprise tient en son discours final gentiment réac’, légitimant le vigilantisme et l’auto-justice, tout à fait recevables dès lors que l’on porte un insigne de flic en gage de bonne foi. Le tout sur fond de coucher de soleil et de ricochets dans l’eau. Tellement mauvais qu’à la fin, on préfère en rire.
Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur