GANGS OF WASSEYPUR - Partie 1
Passionnantes vengeances intergénérationnelles
5h20 au total (le film sort en France en deux parties). La durée de ce film indien en rebutera certainement plus d’un. Et pourtant… Comme chacun sait, certains long-métrages d’une heure vingt peuvent paraître en faire cinq, alors que d’autres qui en font vraiment cinq paraissent parfois en faire trois fois moins. « Gangs of Wasseypur » fait sans aucun doute partie de cette dernière catégorie. Véritable saga d’une vengeance s’étalant sur trois générations de familles rivales, le huitième film d’Anurag Kashyap est loin des codes de la production Bollywood mais en a néanmoins hérité de tout le gigantisme. Scindé en deux parties pour être plus digeste, « Gangs of Wasseypur » retrace, des années quarante à nos jours, la guerre sans merci que se livrent deux famille : Les Khan et les Singh.
Cette première partie s’annonce telle une fresque historique dévoilant le développement industriel indien en toile de fond des diverses manigances, prises de pouvoir, règlements de comptes et romances qui parcellent ce segment assez difficile à suivre, tout du moins au début. La voix-off de Nasir Ahmed, le frère de l’ambitieux Shahid Khan, l’instigateur de cette rivalité qui ruinera la vie de son fils et ses petits-enfants, apporte une aide significative dans le décorticage des alliances, allégeances, ou trahisons du microcosme de Wasseypur déjà clivé par les conflits entre les différents courants de pensées musulmans.
C’est avec la montée et le désir de revanche de Sardar - le fils Shahid, envers Ramadhir Singh, l’homme qui a commandité le meurtre de son père, que cette première partie prend toute l’ampleur qu’elle méritait. Entre deux brigues de gangs, Kashyap a la bonne idée de laisser respirer son récit via de petites touches de soap en s’intéressant à la vie sentimentale de Sardar, doté d’un sacré appétit sexuel. Manoj Bajpaya, qui interprète le rôle, est brillant d’inventivité et étoffe son personnage d’une impressionnante palette de tempéraments. Sardar est aussi fascinant à suivre dans ses échanges non dénués d’un humour ravageur avec les femmes qu’il courtise, que lors de ses manœuvres de fin stratège.
Bref, porté de bout en bout par une musique entrainante et une intrigue à ressorts assez passionnante pour se laisser happer plus de cinq heures durant, « Gangs of Wasseypur » contraste avec la mièvrerie et le kitsch de ce que l’on a l’habitude de voir venant de la production indienne. Sans rien révolutionner, Anurag Kashyap parvient à allier le style urbain occidental des histoires de gangsters à la démesure bollywoodienne en réunissant le meilleur des deux mondes. Une expérience !
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur