FULL RED RIVER

Un film de Zhang Yimou

Et dans l’Empire du milieu coule une rivière nauséabonde

Alors qu’une rencontre diplomatique est censée avoir lieu dans les prochaines heures, le messager d’une lettre pour l’Empereur est assassiné. Des militaires sont alors engagés pour récupérer la précieuse missive…

Vous n’aviez pas entendu parler de "Full Red River" ? Pourtant, en 2023, il s’agissait du numéro 1 du box-office chinois, avec plus de 350 millions de dollars remportés, ce qui en faisait même le 7ème succès mondial de l’année, devant par exemple "Mission impossible : Dead Reckoning". À la tête de ce projet pharaonique, l’inimitable Zhang Yimou, passé maître dans les productions d’envergure et les récits épiques, au point d’avoir fait traverser le Pacifique à Matt Damon et Pedro Pascal pour "La Grande Muraille". Ici, pas d’acteurs hollywoodiens mais une ribambelle de personnages pour un whodunit aux multiples ramifications.

L’histoire nous plonge au XIIème siècle, au cœur de la dynastie Song, durant une nuit où celle-ci accueille des émissaires ennemis venus apporter un message. Problème, un des militaires est tué et la missive volée. Débute alors une œuvre labyrinthique où un twist se déroule à chaque couloir ; et dans ce palais gigantesque, ce ne sont pas coursives qui manquent. Conscient de l’improbabilité de la plupart de ses retournements de situation, le cinéaste s’amuse à intégrer du second degré à sa fresque, aussi bien dans la caractérisation des protagonistes que dans la bande-son, mélange improbable de musiques traditionnelles, rap, électro et même punk. Durant les premiers instants, le plaisir est ainsi réel face à ce spectacle grandiloquent et hyperbolique où les règles de la raison ne semblent pas s’appliquer.

Malheureusement, cette impression positive va s’étioler au fur et à mesure des trop nombreuses minutes de ce métrage qui culmine à 2h40. À force de voir pléthores de soldats se faire poignarder, un sentiment de redondance s’installe inéluctablement, d’autant plus lorsque le scénario sibyllin ne cesse de surenchérir dans sa volonté de toujours cacher un nouvel élément à chaque scène. Épuisante et agaçante, la farce finit même par tourner à la parodie, et pire, au pamphlet politique grotesque dont le message propagandiste est plus que questionnable. En résulte un dernier acte difficilement supportable, la fable humoristique ayant abandonné ses vannes pour reprendre le verbatim du gouvernement chinois. Tristes conclusion et évolution de carrière pour Zhang Yimou…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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